Les Rues d’Aix – Rue Saint Lazare


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE SAINT-LAZARE

N hôtel supérieur en magnificence à tous ceux dont nous avons parlé jusqu’à présent, existait, avant la révolution, dans la seconde et dernière île située sur la ligne occidentale de cette rue, en allant vers le midi et en occupait seul toute l’étendue. Il était bâti entre deux cours, l’une au levant l’autre au couchant, et il longeait au nord la rue Mazarine, ayant au midi de très beaux jardins.
Paul de Roux, marquis de Courbons, avocat-général au parlement d’Aix, l’avait fait construire peu d’années après la peste de 1720. Ayant succédé, en 1733, à son père Alexandre de Roux, seigneur de Gaubert, dans la charge de premier président du parlement de Navarre, séant à Pau, 1 et ayant marié, douze ans plus tard, une de ses filles à Charles-François-Xavier de Coriolis, marquis d’Espinouse, président à mortier au parlement d’Aix, il céda cet hôtel à celui-ci, qui dès lors jusqu’à sa mort arrivée en 1786, alla y passer habituellement la belle saison, n’habitant plus que pendant l’hiver celui qu’il possédait à la rue du Grand-Boulevard ou de la Plate-Forme. 2
Feu M. le comte de Galliffet, mort lieutenant-général des armées en 1831, l’acquit en 1787 et y tint pendant quelques années un grand train de maison ; mais la révolution l’ayant contraint de passer avec sa famille en Italie où il demeura pendant dix ans environ, cet hôtel fut vendu nationalement comme bien d’émigré, à divers acquéreurs qui le démolirent, espérant y trouver des trésors qu’ils supposaient y avoir été cachés par M. de Galliffet avant son départ.
C’est dans cet hôtel qu’est né, en 1790, M. Alexandre-Justin-Marie marquis de Galliffet, colonel de dragons sous la restauration, démissionnaire en 1830, auteur de divers souvenirs de voyages fort intéressants et d’un style aimable et facile, par lesquels il s’est fait connaître dans la littérature. 3
Sur les ruines de l’hôtel dont nous venons de parler, sont construits actuellement les bâtiments occupés par la Synagogue et ceux de la poste aux chevaux, ouvrant l’un et l’autre le long de la rue Mazarine à laquelle nous allons passer. Celle de Saint-Lazare tire son nom de ce qu’elle parcourt une partie de l’ancien chemin qui, de la porte des Marseillais, dite ensuite des Augustins, conduisait à la maladrerie Saint-Lazare et continuait de là jusqu’à Marseille. 4

1 Voyez ci-dessus, pag. 183 et 201. Retour

2 Voyez ci-dessus, pag. 42. Retour

3 Souvenirs de voyages – 1837. – Promenade sur les bords du Rhin ; Paris, 1839, in-8°. – Souvenirs de voyages. Pyrénées, 1839 ; Paris, 1841, in-8°. – Souvenirs de voyages. L’an de grâce 1840. Gênes, Milan ; Marseille, 1841, in-8°. – Souvenirs de voyages. Suisse et Savoie, 1835 : Marseille, 1842, in-8°. – Souvenirs de voyages. Plombières, 1837 ; Paris, 1843, in-8°. – Ancienne Provence. La gueuse parfumée, souvenirs de voyages ; Paris, 1844, in-4°, pages encadrées et dix charmantes lithographies représentant : le château du Tholonet, le mur des Romains au Tholonet, le fond du vallon au Tholonet, la Sainte-Beaume, la papeterie de la vallée de Saint-Pons, Moustiers, la ville et le château d’Entre- vaux, le lac d’Alloz, l’abbaye de Sylvacanne et la tour d’Entressens. L’invitation que nous fait M. le marquis de Galliffet dans ce dernier ouvrage, de réunir les souvenirs que nous avions publiés par feuilletons, sur notre histoire locale, n’a pas peu contribué à nous décider à faire paraître les Rues d’Aix. Retour

4 Voyez notre 1er vol., pag. 8, 189, 218 et 532. Retour