Les Rues d’Aix – État de la ville sous les romains


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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ÉTAT DE LA VILLE

SOUS LES ROMAINS

ans les temps voisins de sa fondation, la ville de Sextius ne dut guère s’étendre au-delà des terrains environnant les eaux thermales qui sourdent abondamment depuis le quartier des Bagniers ou du Palais actuel où furent bâties les premières constructions romaines, jusqu’à celui que nous nommons de l’observance ou des Eaux de Mayne, que les vainqueurs des Salyens connurent aussi. Mais peu à peu les habitations s’étendirent de telle sorte que, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, la ville renfermait tout l’espace compris entre le Palais, l’hôpital Saint-Jacques et l’ancien couvent des PP. minimes, appartenant aujourd’hui aux religieuses du Saint-Sacrement. Les débris qu’ont amenés les fouilles faites en différents temps sur cette vaste étendue, 1 ne laissent aucun doute à cet égard ; plusieurs auteurs l’ont prouvé d’ailleurs d’une manière victorieuse, notamment un de nos plus honorables confrères à l’académie d’Aix, 2 dans des écrits malheureusement trop courts et trop peu répandus. C’est là qu’on lira avec plaisir ce qui a rapport au Capitole, qui fut depuis le palais de nos comtes de Provence; au temple d’Apollon, qu’a remplacé l’église métropolitaine de Saint-Sauveur et à l’Amphithéâtre, auprès duquel fut bâtie l’église de Notre-Dame de la Seds, ainsi nommée à cause de la résidence des premiers évêques d’Aix.
Il n’entre point dans notre plan, comme on a pu le voir par notre Introduction, de parler de cette ville romaine toute curieuse qu’elle puisse être; c’est pourquoi nous nous bornerons à dire que les irruptions des Barbares la ruinèrent à diverses époques, principalement en 869, et lorsqu’il lui fut permis de sortir de cet état de ruines, il se forma trois villes dont l’une, plus puissante que ses sœurs, absorba dans la suite les deux autres. Ces trois villes furent la VILLE COMTALE, qui va faire le sujet de nos recherches ; le BOURG SAINT-SAUVEUR, dont nous parlerons plus bas à l’occasion de sa réunion à la ville comtale ; et la VILLE DES TOURS, dite aussi la VILLE ARCHIÉPISCOPALE ou la VILLE INFÉRIEURE. 3 Celle-ci fut entièrement abandonnée peu après le milieu du XIVe siècle, lorsque Louis, duc d’Anjou, fils puîné du roi Jean, voulut faire valoir les droits que l’empereur Charles IV lui avait cédés sur le prétendu royaume d’Arles. Les habitants de la Ville des Tours la désertèrent pour se soustraire aux fureurs de l’ennemi. Déjà ils avaient eu à subir les désordres occasionnés par ces troupes de bandits, malheureux débris de l’armée française qui avait été défaite à Poitiers, et lorsque Louis d’Anjou parut, ils se résignèrent à emporter, non seulement leurs meubles dans la ville comtale, mais encore les matériaux nécessaires pour bâtir de nouvelles habitations dans l’angle que formait le bourg Saint-Sauveur nouvellement réuni à cette ville. C’est ce qui donna lieu au troisième agrandissement de celle-ci, comme nous le dirons plus bas.

1 La commission archéologique d’Aix, fondée en 1840, et dont nous avons l’honneur de faire partie, a déjà publié trois précieux rapports sur les fouilles d’antiquités faites en 1841, 1842, 1845 et 1844, sur divers points de l’ancienne ville romaine. Ces rapports, ornés de planches, font honneur au talent distingué de M. Rouard, bibliothécaire de la ville, secrétaire de la commission, etc., et font ressortir au plus haut point, le zèle et l’intelligence dont M. Gendarme de Bevotte, ingénieur des ponts et chaussées de l’arrondissement d’Aix, a fait preuve dans la direction des travaux et la levée des plans. Retour

2 M. Rouchon-Guigues, conseiller à la cour royale d’Aix, le personnage le plus instruit que nous connaissions, sur l’histoire ancienne du pays. Ses concitoyens ne sauraient trop l’exhorter à continuer ses utiles recherches, et nous joignons notre faible voix à la leur dans cette intention. Son principal ouvrage est un Résumé de l’histoire de l’état et comté souverain de Provence (Paris, 1828, petit in-12 de plus de 500 pag.). Les autres se trouvent dans les recueils des Mémoires de l’académie d’Aix, où sont disséminés sur des feuilles volantes bien difficiles à se procurer. Retour

3 On trouve dans les Mélanges de Bomy, réimprimés plusieurs fois, chap. V, une autre division de l’ancienne ville; sur quoi il est facile de voir qu’il y a erreur, en consultant, aux archives de la ville, le Reg. Catena, fol. 52. Retour