Les Rues d’Aix – Tour de la grande horloge


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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TOUR DE LA GRANDE HORLOGE

N 1510, cette tour fut élevée sur une ancienne porte de la ville comtale, désignée sous le nom de Portale Pictum (lou Pourtaou Pench), dans les actes des XIIe et XIIIe siècles.1 La première horloge publique qu’on ait entendue à Aix, fut établie sur cette tour, dont l’époque de la construction est constatée par cette inscription en lettres gothiques, rapportée par nos auteurs, qu’on lisait sur l’arc méridional de l’ancienne porte et qu’un badigeon moderne a effacée :

MILLIA CCCCC X ET DES MENSE APRILIS FUIT INCEPTUM HOC OPUS.

A quelques toises au-dessus du même arc nos pères avaient élevé, en 1624, un buste en marbre de Louis XIII, qui a été abattu en 1793, et remplacé par une urne cinéraire encore existante et dédiée aux Mânes des défenseurs de la patrie.
L’édifice est surmonté par la sonnerie de l’horloge, entourée d’une cage de fer. Lorsque cette sonnerie est dérangée, le peuple d’Aix dit en souriant : elle va comme les affaires de la ville. Ce dicton très ancien pouvait avoir quelque sel autrefois. Il n’en a plus du tout, depuis que nos intérêts communaux sont réglés à Paris, par des Gascons ou des Normands, bien mieux au fait que nous de ce qui convient à notre localité, de nos mœurs et de nos coutumes, des vœux et des besoins de nos habitants.
C’est pourquoi nous conseillerons à ceux-ci de renoncer désormais à une façon de parler qui n’offre plus aucun sens, sauf à y revenir si messieurs les Parisiens nous abandonnaient jamais à notre malheureux sort, et nous laissaient encore administrer en famille, nos affaires domestiques, comme faisaient nos pères; ce qu’à Dieu ne plaise. Espérons au contraire qu’on nous donnera bientôt, de Paris, par le télégraphe , avis de l’heure à laquelle nous devrons user de la liberté grande de nous lever et de nous coucher. Espérons enfin qu’au moyen des chemins de fer, nous recevrons, deux fois par jour, de quoi déjeuner et de quoi dîner pour notre argent et sans le pouvoir autrement qu’au gré des restaurateurs privilégiés de la capitale.

1 Voyez ci-dessus, pag. 9. Retour