Les Rues d’Aix – Rue Droite Notre Dame


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE DROITE NOTRE DAME

ous aurons peu à dire sur cette rue qui n’est, à proprement parler, que la continuation de celle de la Grande-Horloge dont elle est séparée par la place de l’Université. Le nom qu’elle porte lui vient de ce qu’elle tend à l’église de Notre dame de consolation, située à peu de distance en dehors des murs, laquelle fut donnée aux Capucins en 1585, et est réunie aujourd’hui à l’hôpital Saint-Jacques.
La porte publique dite de Notre-Dame qui termine cette rue, fut construite en 1786, en remplacement de l’ancienne, aux frais d’un particulier qui voulut demeurer inconnu. Bien des gens font honneur de cet acte de patriotisme à M. Joseph Sec, marchand de bois, mort octogénaire en 1794, qui a bâti en grande partie le faubourg Notre-Dame, et dont le mausolée singulier et bizarre attire les regards des passants sur le cours du même nom, entre la ville et l’hôpital Saint-Jacques ; tandis que d’autres l’attribuent à M. Joseph-Boch Boyer de Fonscolombe, ancien envoyé du roi à Gênes, mort en 1799, dont la demeure n’était pas éloignée de cette porte.1
Deux belles maisons qui bordent cette rue, presque en face l’une de l’autre, appartenaient avant la révolution, la première, aux barons d’Aiguines et de Senez, du nom de Gautier; la seconde, aux marquis de Pontevès-Giens, de l’illustre famille de Pontevès. Avant la construction de la grande porte cochère qui conduit à l’ancienne maison d’Aiguines et qui date de 1780 environ, l’entrée de celle-ci se trouvait au fond de l’impasse situé sur la même rue, à droite en montant à la Porte Notre-Dame. On y voyait, il y a peu de temps encore, un portail en pierre de Calissanne, d’un travail très délicat, monument précieux de la renaissance des arts. Ce portail, sur lequel on lit le millésime 1542, a été transporté depuis peu dans le jardin de l’hôtel de M. le procureur-général Borély, rue Saint-Michel, anciennement hôtel de Limaye.
On dit que dans cette rue droite Notre-Dame, habitait, au XVIe siècle, le jurisconsulte Marc-Bertrand Maure, l’une des illustrations de notre ville, qui jouit dans son temps d’une si grande réputation et que les biographes ont néanmoins laissé dans l’oubli.
M. Charles Giraud, de l’institut, ancien professeur en droit à Aix, aujourd’hui membre titulaire du conseil royal de l’instruction publique, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, 2 a vengé Maure de cet injuste oubli, en publiant sur lui une notice fort curieuse insérée dans celle qu’il a consacrée à Charles Annibal Fabrot. 3 C’est là que nous renvoyons nos lecteurs; ils y trouveront une intéressante biographie de ce personnage qui mourut en 1562, étant âgé d’environ trente-sept ans, victime, à ce qu’on croit, des guerres de religion qui désolaient alors la ville d’Aix.
On lit dans le journal manuscrit de Sobolis, dont nous parlerons ailleurs, que le 20 mars 1591, la femme du capitaine Barlangue, de Trets, demeurant à Aix à la rue Droite, accoucha de cinq filles ; mais il n’y est pas dit si elles vécurent, ce qu’il serait curieux de savoir.

1 Voyez, ci-dessus rue de la Grande-Horloge, pag. 256. Retour

2 Voyez, ci-dessus, pag. 153. Retour

3 Charles-Arnibal Fabrot, l’un des plus célèbres jurisconsultes de son temps, naquit à Aix le 15 septembre 1580, et mourut à Paris le 16 janvier 1659. Tous les dictionnaires biographiques, notamment ceux de Moreri et de Michaud, entrent dans les plus grands détails sur la vie et les travaux de ce savant homme; mais aucun n’en parle aussi au long que M. Charles Giraud, dans sa Notice sur la vie de C-A. Fabrot, doyen des professeurs en droit de l’université d’Aix (Marseille, Marius Olive, 1855, in-8° de 212 pag.), et c’est dans cet excellent ouvrage, plein de recherches et d’érudition, qu’on peut lire toutes les particularités qui concernent cet illustre compatriote. Retour