Les Rues d’Aix – Rue Boulegon


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE BOULEGON

NTOINE, Louis et Hugues Boulegon, qui passèrent reconnaissance ou titre nouvel, en 1474, 1524 et 1533, en faveur des anniversaires du chapitre de Saint-Sauveur, de la cense annuelle que supportait à ceux-ci la maison que lesdits Boulegon possédaient à la rue de Bigourre, étaient apparemment recommandables par leurs qualités personnelles ou par leur richesse puisque dès cette époque leur nom fut substitué à celui que portait cette rue. Ce nom de Bigourre était celui d’une famille qui, la première, y avait habité et qui est éteinte depuis longtemps comme la famille Boulegon.
Antoine Alpheran, reçu notaire en 1524, avait sa maison d’habitation vers le centre de la ligne septentrionale de cette rue, en face du logement qu’ont occupé les Frères des Écoles Chrétiennes depuis leur établissement à Aix, en 1733, jusqu’à leur dispersion en 1793. Il épousa Catherine Bussan, 1 de laquelle il eut, entre autres enfants, Gaspard et Pierre qui jouèrent un rôle de leur temps et dont il est fait mention dans la plupart des historiens du pays ; c’est pourquoi nous allons en parler ici.
Gaspard Alpheran, né à Aix, le 1er janvier 1545, fut notaire comme son père et se montra zélé partisan de la Ligue. Il composa, eu 1598, une Histoire provençale, demeurée manuscrite, de laquelle nous possédons une copie et dont l’original existe à Paris, à la bibliothèque du roi, dans le fond de Dupuy, n° 655. 2 Cette histoire commence au déluge et ne peut servir que pour les événements dont l’auteur fut le témoin, sous les règnes de Charles IX, d’Henri III et d’Henri IV. Il mourut le 10 juin 1606. Pierre Alpheran, le dernier de ses frères, né à Aix, le 26 juillet 1555, suivit la carrière des armes et fut d’abord gendarme dans la compagnie d’ordonnance du grand-prieur de France, Henri d’Angoulême, gouverneur de Provence. 3 Il fut ensuite capitaine dans les milices que ce prince assembla contre les ligueurs et se distingua par son courage et son dévoûment. 4 Après la mort du grand-prieur, il se déclara pour la Ligue 5 et revint à Henri IV, lorsque ce monarque fut affermi sur le trône, le tout à l’exemple de son beau-frère, François Dupérier, l’ami de Malherbe, dont il avait épousé la sœur, Magdelaine Dupérier.6 C’était, suivant la tradition de la famille, un très habile tireur d’armes, et les plus fameux ferrailleurs venaient de bien loin à Aix pour se mesurer avec lui. On dit même qu’il en avait tué plusieurs, lorsqu’un arrêt du parlement lui interdit de porter l’épée, en 1599. Il mourut le 24 mars 1622.
Ces deux frères sont les chefs des deux branches de cette famille qui subsistent encore en cette ville, et dont l’aînée fut ennoblie en 1724, à raison des services rendus au pays pendant la dernière peste, par Claude Alpheran, descendant de Gaspard. 7 L’une et l’autre de ces branches ont fourni plusieurs consuls d’Aix, des prieurs à l’église de Saint-Jean, 8 etc.
Nous ne dirons rien de la pauvre rue Buscaille attenant à celle de Boulegon sinon qu’un avocat des pauvres, Louis Benedicti, y demeurait en 1496 ; et un conseiller au parlement, Gaspard d’Honorat, seigneur de Pourcieux, en 1669. C’étaient cependant des personnages considérables qui se contentaient de logements que les plus petits bourgeois dédaigneraient aujourd’hui.

1 Contrat de mariage du 13 décembre 1534, notaire Hugues Martelli. Retour

2 Lelong, Bibliothèque Historique de la France, 1re édition, pag. 789, n° 15290, et 2e édition, tome III, pag. 553, n° 38104. – Pitton cite plusieurs fois ce manuscrit, en son Histoire d’Aix, liv. IV, pag. 261 à 364. – Voyez aussi le P. Papon, Histoire générale de Provence, tom. IV, préface, pag. 10, n° 34. Retour

3 Preuves d’honoré Alpheran, son petit-fils, pour son admission comme chapelain conventuel dans l’ordre de Malte reçues à Aix par Jean Lioutaud, notaire d’Eguilles, le 8 février 1645 et jours suivants. Retour

4 Papon, Histoire générale de Provence, tome IV, pag. 253 note 1re. Retour

5 Nostradamus, Histoire de Provence, pag. 911. – Meynier, Guerre civile de Provence, f° 152. – H. Bouche, Histoire de Provence, tome II, pag. 758. – Louvet, Troubles de Provence, addit., tom II, pag. 135.-Gaufridi, Histoire de Provence, tom II, pag. 733, d’Hozier, Provençaux Illustres, table 75; etc. Retour

6 Contrat de mariage du 30 mars 1583, notaire Hercules Rancurel.- Sur François Dupérier, voyez ci-dessous, Place des Prêcheurs. Retour

7 Artefeuil, Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, tome 1er pag. 35. Retour

8 Voyez à notre second volume, Eglise de Saint-Jean. Retour