Les Rues d’Aix – Septième agrandissement


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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SEPTIÈME AGRANDISSEMENT

( 1583 )

N nouvel agrandissement fut projeté vers le milieu du XVIe siècle, environ cent ans après celui qui, sous le bon roi René, avait renfermé dans la ville le couvent et l’église des Dominicains ou Prêcheurs, la place qui porte le nom de ces religieux, la rue de Suffren et la partie supérieure de la rue du Pont-Moreau, qu’on appelait alors la Grande-Rue-Saint-Jean.
Le premier président Jean Maynier, baron d’Oppède, s’était mis à la tête de cette entreprise, et quelques ouvrages avaient même été commencés, lorsque la mort de ce magistrat, arrivée au mois de juin 1558, fit abandonner les travaux. Dans un conseil de ville tenu vingt-trois ans plus tard, en novembre 1581, il fut question de les reprendre, et des lettres-patentes ayant été obtenues du roi Henri III, datées du mois d’octobre 1583, le projet fut enfin mis à exécution.
Cet agrandissement fut même d’une plus grande étendue qu’on ne l’avait tracé d’abord, à cause que le même conseil de ville avant délibéré, le 25 avril précédent, d’établir à Aix un collége pour les humanités, qui serait régi par les RR. PP. Jésuites, on jugea à propos de placer ce collége dans le Jardin du Roi qui faisait partie de la nouvelle enceinte. Une célèbre transaction fut passée à cet effet entre la famille de La Cépède, alors propriétaire du Jardin du Roi, d’une part, et de l’autre, les consuls et divers notables habitants, délégués par le conseil de ville.1 Jean de Bourg, alors second consul, fut le principal auteur de cet agrandissement, dont les travaux furent dirigés, sous son inspection, par un habile architecte ingénieur nommé Jean de Paris. Des rues larges et tirées au cordeau, des maisons spacieuses et bien aérées, quelques beaux hôtels, firent de ce quartier, qu’on peut diviser en deux (celui d’Arpille ou de Saint-Louis et celui de la Plate-Forme ou du Boulevard), comme une nouvelle ville à laquelle on donna le nom de Ville-Neuve, 2 à cause de sa grande étendue. Son enceinte comprend en effet toute cette partie de la ville actuelle qui est située au levant du précédent agrandissement, depuis l’extrémité orientale de la rue de Suffren jusqu’à l’entrée méridionale de la rue Ganay près l’aqueduc du Pont-Moreau. Les rues suivantes sont renfermées dans cette enceinte :

1 Du 15 juin 1583, Joseph Borrilli, notaire royal et greffier de la maison commune d’Aix, convention et accords passés en présance de Révérendissime et Illustrissime seigneur messire Alexandre de Canigiani, archevesque de ceste ville, entre messieurs Rollin Barthélemy, sieur de Sainte-Croix, noble Jehan de Bourg, escuyer, et Jehan-Pierre Bompar, bourgeois, consuls de ceste ville, avec l’advis et présance de noble Melchior Bourdon, viguier et capitaine, Balthazar Rodulph, sieur de Fuveau, Anthoine de Rolland, sieur de Reauville, noble Jehan Estienne ; sieur de Saint-Jehan , Jehan Ysoard, sieur de Thoramènes, Bertrand Bernardi, Sieur de Monlaux, Me Estienne Bernardi, advocat en la cour, noble Jehan Isnard, Jehan Bon, bourgeois, Monsr Pierre Grassi, docteur en médecine, Jérosme Chartras, advocat en la cour de parlement, et Alexandre de Malespine, escuyer dudit Aix, dépputtés par le conseil d’une part ; et noble Baptiste de La Cépède, escuyer, Monsr Jehan de La Cépède, conseiller en la Cour, et Damlle Claude de Bompar, père, mère et fils, d’aultre ; portant les conditions auxquelles ces derniers vendent à la ville la propriété dite le Jardin du Roi, pour la faire enclore de murailles qui seront jointes aux anciennes murailles de la ville, suivant le tracé et dessin faict par Mr Jehan de Paris, sur l’entreprinse faicte par ledt sieur consul de Bourg, exhibé et veu audt conseil et recogneu sur les lieux par lesdts sieurs consuls et dépputtés, présant ledit seigneur archevesque, laquelle courtine devra estre continuée sur les fondements faicts du temps du feu sieur président d’Oppède, y compris le ballouard, à la charge que lesdes murailles seront de la mesme haulteur, espaisseur et quallité que les aultres vieilles murailles de lade ville, et par mesme moyen seront tenus lesdts sieurs de La Cépède et Damlle de Bompar, donner à nouveau bail, aux particuliers de ceste ville et aultres qui se présenteront, le fonds de leur propriété, à raison de quatre escus sols pour chascune place de maison de quatre cannes de largeur et huict de fond, y compris les fondements, suyvant le tracé qu’en a faict ledt Me Jehan de Paris, avec réserve de la directe et droits de lods, à raison d’un sol par florin, etc. Retour

2 Le président Jean de Simiane, héritier, par son aïeule maternelle, de la famille de La Cépède, ayant obtenu des lettres-patentes qui lui permettaient de se qualifier de seigneur de Villeneuve-lez-Aix, sur le motif que ses aïeux avaient fourni l’emplacement sur lequel ils s’étaient réservés la directe (voyez la note précédente) ; ces lettres furent révoquées à la poursuite des consuls et de la communauté d’Aix, par arrêt du conseil d’Etat du 19 mars 1678. (Liv. Catena, aux archives de la ville, f° 323). Retour