Les Rues d’Aix – Premier agrandissement


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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PREMIER AGRANDISSEMENT.1

(1250 environ).

ERS le milieu du XIIIe siècle et dans les premières années du règne de Charles 1er d’Anjou, gendre et successeur de Raymond-Béranger IV, le dernier de nos comtes catalans, la ville comtale fut agrandie du côté du couchant. Un nouveau rempart fut élevé attenant à l’ancien aux quatre coins de la Juiverie 2 et continué le long de la rue des Cardeurs, jusqu’au coin sud-ouest de la place des Fontêtes où on le dit contourner vers le midi.
Le faubourg des Anglais, 3 qu’on nommait ainsi depuis peu de temps, existait dans les environs. On laissa ce faubourg en dehors du nouvel agrandissement, et pour communiquer avec lui, on ouvrit une porte publique là où finissait la principale rue qu’on nomma la rue des Fabres et qui forme aujourd’hui la majeure partie de celle des Cordeliers, en remontant vers l’Hôtel-de-Ville. Cette porte fut appelée la porte des Anglais (lou pourtaou deis Anglêz) et quelquefois de Saint-Jacques des Pèlerins, à cause d’un hôpital portant le nom de ce saint, voisin de là et qui fut depuis incorporé dans l’église des Cordeliers. De là le rempart fut conduit par la rue des Patis ou des Pénitents-Noirs et la place des Tanneurs, 4 jusqu’un peu au-dessous de la rue de l’Aumône vieille. Coupant ensuite en diagonale l’île de maisons dans laquelle est comprise actuellement l’église du Saint-Esprit qu’on laissa en dehors des murs, il fut amené au bas de la rue Beauvezet d’où on alla le rattacher à l’ancien rempart vers la rue du Grand-Puits. 5 C’est alors que la porte de Marseille fut descendue au bas de la rue Beauvezet, au point où celle-ci se dégorge dans la Grande Rue Saint Esprit; et, comme les religieux Augustins ne tardèrent pas à s’établir auprès de là, en dehors de la ville, cette porte perdit insensiblement son premier nom, pour prendre celui de porte des Augustins. Au moyen de cet agrandissement, la ville fut augmentée des rues suivantes :

1 Nous nous sommes servi utilement, pour indiquer l’époque et la circonscription des divers agrandissements de la ville, du manuscrit de P-J. de Haitze, intitulé Aix ancienne et moderne, où la topographie de la ville d’Aix (mis au net par l’auteur en 1715), duquel nous possédons une copie. Nous croyons inutile de faire remarquer les points sur lesquels nous différons plusieurs fois d’opinion; les curieux pourront comparer eux-mêmes nos deux ouvrages. Quant aux rues, de Haitze n’en donne qu’une nomenclature bien sèche, sans citer jamais aucun trait historique, aucune anecdote, en sorte que sa topographie n’est qu’une table assez bonne à consulter, malgré bien des erreurs, mais dont la lecture n’offre aucune sorte d’agrément.- Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec celui que M. J-B-F. Porte a publié sous le même titre d’ Aix ancien et moderne, et qui justifie à tous égards les éloges que deux éditions successives lui ont acquis (Aix, Guigues, 1823 ; et Aix, G. Mouret, 1833). Les nombreux ouvrages que M. Porte a publiés, attestent l’étendue et la variété de ses connaissances dans l’histoire, l’archéologie, la poésie, la musique, la peinture, la sculpture, etc. Retour

2 Nous avons dit, ci-dessus pag. 7, que les quatre coins de la Juiverie sont les quatre angles que forment les rues Venel et de la Juiverie (aujourd’hui de la Verrerie) au point où elles se jettent, en face l’une de l’autre, dans la rue des Cardeurs. Retour

3 Nous dirons plus bas d’où lui était venu ce nom. – Voyez rue des Muletiers. Retour

4 Dans l’angle saillant de la ligne orientale où se fait la séparation de la rue des Patis ou des Pénitents-Noirs et de la place des tanneurs, on éleva alors une tour dite de la Tannerie, dont il existait encore des vestiges au commencement du XVIIIe siècle, et qui faisait face à la rue actuelle de la Sainte-Baume. Retour

5 Voyez ci-dessus pag. 8, où était cette rue du Grand-Puits dont le nom a disparu en 1811. Retour