Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE VILLEVERTE
ARMI une foule de belles maisons qui bordent cette rue sur ses deux lignes et qui ont été constamment fort bien habitées, nous citerons d’abord celle qu’a occupée pendant longtemps une famille nommée indifféremment, dans les actes publics, Broilla, Broglia, Broglio ou Broglie, laquelle avait la même origine et portait les mêmes armes que les Broglie, de Paris, si connus pour avoir produit trois maréchaux de France et avoir été comblés de faveurs en tout genre sous la branche aînée des Bourbons. Ceux d’Aix, sortis comme eux de la ville de Quiers, en Piémont, exerçaient la médecine dans la notre au commencement du XVIIe siècle et étaient entrés ensuite dans la cour des comptes. La protection de leurs parents de Paris leur avait valu plus tard de bonnes alliances avec les Sabran de Beaudinar et les Glandevez de Niozelles, ainsi que de hauts emplois dans l’église et dans l’épée. Elzéar-Marie-Joseph-Charles de Broglie, né en 1737, dans la maison dont nous parlons, située vers le centre de la première île de cette rue, à droite en allant à la porte de la ville, mourut en 1761, étant colonel du régiment d’Aquitaine et à peine âgé de vingt-quatre ans, sans laisser aucun enfant, et sa famille s’éteignit, en 1798, dans la personne d’un ancien chanoine de Saint-Sauveur, son cousin. 1
Dans l’une des maisons qui suivent celle de Broglie sur la même ligne, était né, en 1752, M. .Jean-François-Pascal d’Eymar, seigneur de Nans et de Montmeyan, avocat général au parlement avant la révolution, puis à la cour impériale ; mort président à la cour royale en 1824. Retiré à Paris sous Robespierre, il y publia, après la mort de celui-ci, un recueil de poésies intitulé : Amusements de ma solitude, en deux volumes in-12, contenant des odes, des imitations de divers pseaumes, une traduction d’un poème inédit d’Ossian, des fables, etc. On trouve, dans ces diverses pièces, de la chaleur, de l’imagination, de très beaux vers, en un mot tout ce qui constitue la bonne poésie, et toutes se font remarquer par l’expression des excellents sentiments religieux et politiques de l’auteur. Revenu à Aix, il y fit paraître un nouveau poème 2 où l’on reconnaît le talent de celui-ci et qui ne peut qu’ajouter à sa réputation. Son fils 3 se fait remarquer depuis longues années par l’universalité de ses connaissances et a publié quelques ouvrages qui témoignent de sa profonde érudition.
Le grand hôtel qui termine cette ligne septentrionale de la rue et qui appartient actuellement à M. d’Estienne de Saint-Jean, avait été bâti, peu d’années avant la révolution, par M. le président François-Marie-Jean-Baptiste de Cabre, seigneur de Belcodènes. Ce magistrat, placé à la tête de la dernière chambre des vacations qui, pendant plus d’un an, exerça seule les fonctions du parlement, présidait la mémorable audience de cette chambre, tenue le 27 septembre 1790, où le malheureux avocat Pascalis, ancien assesseur, assisté des avocats Alpheran et Dubreuil, également anciens assesseurs, Guieu et Malbetquy, prononça ce fameux discours d’adieu au parlement qui, deux mois et demi plus tard, coûta la vie à son auteur, comme nous le dirons en parlant du Cours.
La porte publique qu’on trouve au bout de cette rue fut ouverte en 1645, sous le gouvernement du comte d’Alais, dont nous avons parlé souvent à raison de ses démêlés avec le parlement lors de l’établissement du Semestre, et qui donna son nom de Valois à cette porte ; mais celui de Villeverte a prévalu et le véritable nom est entièrement tombé dans l’oubli.
En revenant sur ses pas, la seconde maison de la ligne méridionale est celle qu’habitait la famille Tuffet, éteinte, il y a peu d’années, en la personne de l’abbé de Tuffet (Honoré-François-Xavier), né à Aix le 3 décembre 1756, mort à Saint-Maurice, dans le Valais, le 8 février 1841. Entré fort jeune dans le corps royal du génie, il émigra en 1791 et fit les campagnes de 1792
et années suivantes dans le corps d’armée des Princes français. En 1796 il déposa son épée sur l’autel de l’abbaye Royale de Saint-Maurice et consacra le reste de ses jours au culte du roi des rois. Nous ne le suivrons pas dans les différents postes qu’il occupa à Arbignon, à Glagenfurt où il se signala, en 1799, par son zèle à secourir et à soigner les prisonniers faits pas les Autrichiens sur les armées françaises ; à Fully, dans le Valais ; à Istres et à Coursegoule, en Provence ; puis a Belley, à Gleizé-Gervinges et à Lurcy. En 1814, le roi Louis XVIII lui accorda la croix de Saint-Louis et le nomma aumônier de la compagnie d’élite des grenadiers à cheval de la maison du roi, commandée par M. le marquis Louis de la Rochejaquelein qui périt bientôt après dévoûment à la maison de Bourbon, comme l’avait été son frère Henri de la Rochejaquelein, tué, en 1794, dans la première guerre de la Vendée.
L’abbé de Tuffet s’était réfugié alors auprès de madame la marquise de Donissan, dans le Médoc ; mais, revenu à Paris après la seconde rentrée du roi, il fut encore nommé aumônier du régiment des grenadiers à cheval de la garde royale, dont le commandement fut donné à M. le comte Auguste de la Rochejaquelein, frère des deux héros de la Vendée. Le prince de Hohenloë lui envoya, à cette époque, la décoration du Phénix. Sur la fin de l’année 1822, il se démit volontairement de son aumônerie pour se livrer avec plus de liberté et de fruit à l’exercice du saint ministère, et il se retira d’abord à Valence ; puis, à Besançon, et il fut nommé chanoine honoraire dans chacune de ces deux villes ; enfin, en 1828, il voulut revoir les lieux où, trente-deux ans auparavant, il s’était consacré à Dieu, et il retourna à Saint-Maurice où il ne cessa plus de résider jusqu’à sa mort. En 1836, le roi de Sardaigne l’avait décoré de l’ordre des saints Maurice et Lazare, et il fut inhumé dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Maurice, devant la chapelle du Trésor, à la place des anciens gouverneurs.
» L’abbé de Tuffet, avons-nous dit autre part, 4 était d’une taille moyenne, un peu replet et fort laid. Il avait du jeu dans la physionomie et beaucoup de vivacité dans les yeux, ensorte qu’on s’accoutumait facilement à sa figure.
Quoiqu’il eut conservé l’accent provençal dans toute sa rudesse, on avait du plaisir à l’entendre, sa conversation étant gaie, aimable et spirituelle. On cite de lui une foule de traits plaisants et de bons mots dont quelques-uns des plus piquants ont passé en proverbes parmi nous, 5 et qui, tous, décèlent l’originalité de son esprit, il avait la parole mordante et même incisive, ce qui lui avait fait des ennemis. Ceux-ci lui reprochaient de la légèreté, des inconséquences et de l’inconstance dans le caractère ; mais c’est d’après son cœur qu’il faut le juger, et jamais il n’y en eut de plus généreux ni de plus élevé que le sien. Ses mœurs étaient pures et irréprochables, et sa piété aussi solide qu’éclairée…… « Nous ajouterons ici, que n’ayant plus rien à donner, ayant prodigué son avoir aux pauvres pendant toute sa vie, il nous a légué, en souvenir de son amitié, ses diplômes, ses brevets, etc., et le manuscrit autographe de son dernier ouvrage intitulé : Vocabulaire spirituel, formant un fort volume in-4°, digne des autres ouvrages qu’il avait fait imprimer de son vivant. 6
L’immense et belle maison qui touche la précédente, en revenant vers la place des Augustins, est celle que s’étaient réservée les Bonfils, lors de la fondation du quartier de Villeverte. Ces Bonfils, dont cinq membres avaient rempli successivement la charge de lieutenant-général à la sénéchaussée d’Aix, s’éteignirent en la personne d’une fille mariée, en 1681, à Joseph Le Camus, d’une famille de Paris, très illustrée par les hauts emplois qu’elle occupait à cette époque ou qu’elle a exercés depuis ; et les Le Camus, d’Aix, seigneurs de Puypin, se sont également éteints à la quatrième génération, en une fille mariée, en 1768, au conseiller depuis président de Cabre, dont nous avons parlé naguère. Leur maison avait été vendue, vers le milieu du siècle dernier, aux Brun, barons de Boades, d’une famille parlementaire, qui la possède encore aujourd’hui. Les Sabran, seigneurs de Beaudinar, en occupaient une partie depuis longues années avant la révolution, et c’est là qu’était né le 3 janvier 1764, M. le duc de Sabran (Elzéar-Louis-Zozime), pair de France, lieutenant-général en retraite , etc., mort à Marseille, le 22 ou le 23 janvier de la présente année 1847, à l’âge de quatre-vingt-trois ans et quelques jours. On sait qu’en sa personne s’est éteinte l’une des plus anciennes et des plus illustres familles de Provence, dont le nom sera perpétué néanmoins par deux frères de la maison de Pontevès, fils adoptifs de M. le duc de Sabran.
Henri de Laurans, marquis de Saint-Martin et seigneur de Brue, reçu conseiller au parlement en 1654, entreprit la bâtisse de la belle maison qui suit immédiatement la précédente, et Pierre-Joseph de Laurans, son fils, successivement assesseur d’Aix en 1669, conseiller, procureur général, enfin président au parlement, la porta au point où nous la voyons encore aujourd’hui. En 1697, il la céda à André le Blanc, seigneur de Mondespin, conseiller en la même cour, duquel il prit en échange le grand hôtel que celui-ci possédait au quartier d’Orbitelle dont nous parlerons plus bas, et peu d’années après cette maison fut acquise par François de Cadenet, seigneur de Charleval et de Tarmarlet, aussi conseiller au parlement, dont les descendants la possèdent encore. La famille de Cadenet avait fourni jusqu’à huit conseillers à cette cour souveraine, depuis 1578 jusqu’à la révolution, un procureur-général et un président à la cour des comptes, et, plus anciennement, un maître-rational en 1344, fils ou petit-fils d’un Guillaume de Cadenet, viguier de Marseille en 1293. François, acquéreur de la maison en question, fut père de Pierre-César et de Joseph-François qui y naquirent l’un et l’autre et desquels nous allons faire mention.
Pierre-César de Cadenet, seigneur de Charleval, Valbonnette, Tamarlet, etc., né le 16 février 1708, fut le fondateur du village de Charleval, le plus agréable sans contredit de la Provence ; traversé dans toute sa longueur par le canal de Craponne et dont les jolies rues sont tirées au cordeau. Il y attira environ soixante-dix chefs de famille originaires des lieux de la Roque d’Anthéron, Malemort, Lambesc, Eguilles et autres des environs, 7 auxquels il distribua des terrains que ces particuliers et leurs descendants ont possédés et améliorés depuis lors, en sorte que ce lieu est devenu l’un des plus importants de la contrée. Son fondateur mourut au mois d’avril 1763, à peine âgé de cinquante-cinq ans.
Joseph-François de Cadenet de Charleval, né le 6 mars 1710, reçu conseiller-clerc au parlement en 1734 ; puis, abbé de Pessan, au diocèse d’Auch, ne dut qu’à son mérite personnel et non à sa naissance d’être promu, en 1740, à l’évêché d’Agde. Il gouverna ce diocèse avec autant de sagesse que de piété et mourut saintement à Agde le 22 janvier 1759, peu de jours avant d’avoir terminé sa quarante-neuvième année. On lui reproche cependant d’avoir poussé si loin son zèle pour la constitution Unigenitus, qu’il fit refuser les sacrements à sa mère, Catherine de Gueidan, janséniste outrée, morte, en 1754, à Lambesc, où il était venu la voir dans sa dernière maladie, et qu’il interdit à son chapitre de faire célébrer un service pour elle, ainsi que ce chapitre l’avait délibéré. 8
Cette honorable famille s’est éteinte en 1825, et ses biens ont passé, avec le nom de Charleval, dans celle de Jessé, de Béziers, dans laquelle était entrée, en 1764, une nièce de l’évêque d’Agde, fille du fondateur de Charleval.
Voici encore une immense maison ou hôtel qui se trouve sur cette ligne méridionale de la rue Villeverte. Nous ignorons quel en a été le fondateur, mais nous savons qu’elle a appartenu ou au moins qu’elle a été habitée par le premier président Marin, que ses différends avec le parlement firent connaître peu avantageusement à la fin du XVIIe siècle.
Arnoul Marin, seigneur de la Chasteigneraye, né à Paris au mois de décembre 1630, était maître des requêtes et intendant d’Orléans lorsqu’il fut nommé premier président du parlement d’Aix sur la fin de l’année 1673. Il était fils de Denis Marin de la Chasteigneraye, qui, fils lui-même d’un simple marchand d’Auxonne, était parvenu par son mérite au poste de conseiller d’Etat, intendant des finances de France sous Louis XIV, et avait acquis une immense fortune. 9 Arrivé à Aix le 3 juin 1674, Arnoul Marin fut reçu dans sa charge le 9 du même mois et se fit remarquer, pendant plusieurs années, par sa vigilance, son exactitude et son intégrité ; mais s’étant ensuite croisé avec divers membres de sa compagnie, il finit par rompre entièrement avec eux et s’appliqua à les persifler, à les mystifier de la manière la plus inouïe, on peut dire même la plus grossière.
A ce sujet, on rapporte une foule de traits vraiment incroyables, tels que ceux-ci :
Assistant au dîner de cérémonie que donnait un jeune conseiller le jour de sa réception au parlement, M. Marin louait à tout moment la délicatesse des mets qui paraissaient sur la table, et vers la fin du repas il demanda qu’on fit venir le cuisinier qui les avait apprêtés : – Je te fais mon compliment, mon ami, lui dit-il, continue toujours de même et je te promets de faire entrer ton fils dans le parlement. – Or, il faut savoir que le récipiendaire passait pour descendre d’un aubergiste très renommé dans son art, qui avait fait la fortune de sa famille à l’aide de la casserole et du tournebroche.
Laurent Lordonet, avocat distingué qui fut depuis assesseur d’Aix en 1700, plaidait un jour devant le premier président Marin : Lardonet, lui dit celui-ci en défigurant son nom, tu me lardes ; va te promener ! 10 – Il se dresse aussitôt et lève l’audience. Mais voici le trait le plus sanglant.
Un matin, en été, prenant le frais à la fenêtre de son cabinet qui s’ouvrait en face de la campagne, il aperçoit un paysan conduisant son âne et ramassant les immondices déposées pendant la nuit sur la lice intérieure qui borde toutes les maisons de cette ligne de la rue Villeverte. M. Marin arme son fusil, vise a la tête de l’âne et abat l’animal. Il descend aussitôt et donne pour conseil au paysan d’aller porter sa plainte à M. le doyen de la cour, ce qui fut fait immédiatement. Le doyen requiert une assemblée des chambres et expose le fait pour lequel il dépose une plainte contre M. le premier président. M. Marin se garde bien de le nier et de chercher à s’excuser : – Mais, dit-il, je récuse la compagnie dans laquelle le défunt avait un très grand nombre de parents au degré prohibé par l’ordonnance.
Las enfin de tant d’impertinences ci. de grossièretés, le parlement députa au roi, qui fit mander le premier président en cour. Là on lui conseilla de se démettre de sa charge s’il voulait éviter la honte d’une destitution. Il s’en démit sur la fin de l’année 1690, et il vécut dans l’obscurité jusqu’à sa mort arrivée à Paris le 20 avril 1699. 11 C’est lui qui avait fait bâtir cette charmante habitation dans le territoire du Tholonet, à une lieue d’Aix, connue sons le nom de la Cascade, que les P.P. de la Foi avaient acquise et embellie sous la restauration pour le délassement de leurs élèves.
Après le départ du premier président Marin, l’hôtel qu’il habitait fut vendu aux Grimaldi-Regusse qui l’ont occupé pendant une bonne partie du XVIIe siècle, et après eux il a passé aux Saqui, seigneurs de Collobrières et barons de Sannes, conseillers à la cour des comptes, aides et finances pendant quatre générations. Ceux-ci le possédaient encore au moment de la révolution et l’ont vendu depuis lors.
Un peu au-dessus de l’hôtel dont nous venons de parler, est la maison qu’habitait Melchior Menc secrétaire du roi et greffier en chef de la cour des comptes, laquelle maison fut pillée et saccagée en 1650, lors des troubles occasionnés par l’édit des Elus. 12
Les descendants de Melchior, éteints en mâles en 1838, avaient fourni six conseillers à la cour des comptes et un avocat général au parlement. Celui-ci, Paul-Pierre-Joseph de Mene, né à Aix le 20 août 1745, l’ami et le collègue de Pierre-Joseph de Colonia, 13 devint, comme lui, maître des requêtes aux conseils du roi sous Louis XVI et se maria, à Paris, à mademoiselle Tercier, dont la mort prématurée le conduisit lui-même au tombeau le 10 novembre 1784. Il avait publié, deux ans auparavant, une Traduction nouvelle des réflexions de Machiavel sur la première décade de Tite-live, en deux volumes in-8°, dont il fut rendu compte dans le Journal encyclopédique de janvier 1782. 14
1 Leur aïeul avait un frère cadet qui se maria à Arles et fut père d’un évêque d’Angoulême. Retour
2 Elie, poème en dix chants. Aix, Mouret, 1815, in-8°. Retour
3 André-Joachim-Joseph- Isidore d’Eymar de Montmeyan, né à Aix le 19 juin 1790. Retour
4 Notice biog. sur feu M. l’abbé de Tuffet, dédiée à madame la comtesse d’Albertas, née de la Rochejaquelein. Aix, Nicot et Aubin, 1841, in-8° – On la lit aussi dans le Mémorial d’Aix du 7 mars 1841. Retour
5 Nous citerons entre autres celui-ci : Siés fouesso bravè, mai gairé fouert. Etant, en 1792, à l’armée des Princes, en Allemagne, avec un de ses compatriotes, mort à Aix il y a peu de mois, il se prit querelle avec lui pour un sujet des plus minimes, et s’oublia au point de lui tenir un propos assez amer. L’offensé voulut en avoir raison et proposa un duel. – Je ne me bats jamais en duel, répondit Tuffet, parce que la religion le défend. Je suis fâché de ce qui vient d’arriver et je t’en fais mes excuses ; c’est tout ce je puis pour ta satisfaction. – Cela ne me suffit pas, répliqua Gaspard Moutet, il me faut une autre réparation. – Je te répète que la religion ne permet pas le duel, mais elle n’empêche pas de se défendre quand on est attaqué. Fais donc ce que tu voudras. – Et sur cela il le quitta. L’après-midi était à la promenade, lorsqu’il fut abordé par Mouret, qui lui dit en présence de quelques amis qui l’accompagnaient – Vous m’avez insulté, monsieur : voilà un pistolet, j’en ai un autre, il faut nous battre. – Comme tu voudras, répondit Tuffet .Je t’ai fait mes excuses ; tu n’es pas satisfait, tire sur moi, tu le peux, je t’en donne la permission.- Mouret, s’éloigne de quelques pas, ajuste Tuffet et lache son coup de pistolet qui manque son adversaire. – Moun bouon Mouret, siés fouesso bravé, mai gairé fouert. (Mon bon Mouret, tu es très brave, mais tu n’es guère fort), s’écria froidement le futur abbé, en déchargeant son pistolet en l’air ; – et les deux amis s’embrassèrent pour ne plus se brouiller désormais. Retour
6 On en trouve la liste à la fin de la Notice biographique citée ci-dessus. Retour
7 Acte d’habitation de la terre de Charleval, passé le 6 novembre 1741, devant Me Dupuy, notaire à Lambesc. Retour
8 Notice des Provençaux qui ont été élevés â l’épiscopat, par le P. Biscaïs, de l’Oratoire ; manuscrit autographe de la bibliothèque Méjanes, in-4° de 367 pag. sans la table. Retour
9 Recherches biographiques sur Denis Marin de la Chasteigneraye, par feu C.N. Amanton, maire d’Auxonne, etc. (notre honorable ami) ; Dijon, Frantin 1807, in-8° de vingt-huit pag., suivies de quelques notes supplémentaires, aussi en six pag. in-8°. Retour
10 M. d’Hesmivy de Moissac s’exprime plus crûment que nous dans son Histoire du parlement de Provence, manuscrite, liv. XII. Retour
11 Voyez l’Histoire du parlement ci-dessus citée ; les Essais hist. sur le parl. de Prov., par M de Cabasse ; les Portraits ou éloges historiques des premiers présidents du parl. de Prov. Par de Haitze ; Avignon, Chastel, 1727, in-12, pag. 130 et suiv. Ce dernier auteur dit que du temps de M. Marin on fesait retentir les conversations de ses reparties spirituelles, quelque fois un peu libres, et qu’on les fesait valoir à l’égal de ces fameux recueils que les savants et les curieux connaissaient sous le titre et l’appellation des Ana. Ceux de cette province qui les ont recueillies, ajoute-t-il, les on mises à la suite des Scaligeriana, des Perronniana, des Thuana, des Sorberiana et autres, sous la dénomination de Mariniana. Retour
12 Voyez tom. 1er, pag. 46, 244 et 460 ; et en ce tome II, pag. 45, 50 et suiv. Retour
13 Voyez tom. 1er, pag. 541, not. 1. Retour
14 Notice des Prov. Célèb. , à la suite de l’Essai sur l’hist. de Prov., par C. F. Bouche, tom. II, pag. 387. – Dict. des hom. illust. de Prov., tom. 1er, pag. 510. Retour