Les Rues d’Aix – Place et porte des Augustins


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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PLACE ET PORTE DES AUGUSTINS

ITUÉE avant l’agrandissement de Villeverte, à peu près entre la rue Isolette et celle du Trésor, la porte des Augustins fut transférée, en 1608, à quelque distance plus bas, du côté du couchant , là où nous l’avons vue jusqu’au jour où on l’a abattue, il y a peu d’années, pour lui substituer une grille en fer. Dans les XIe et XIIe siècles on l’appelait la porte de Marseille ou des Marseillais, et elle était placée sur le haut de la rue Beauvezet, au point où viennent aboutir les rues de la Verrerie et de
l’Annonerie-Vieille. Vers le milieu du siècle suivant, on l’avait descendue au bas de la même rue Beauvezet, et peu de temps après elle avait pris le nom de porte des Augustins ; enfin, on l’avait reculée, cent ans plus tard, jusque vers la rue Isolette. 1
C’est à cette dernière époque qu’elle reçut aussi le nom de porte Royale (lou pourtaou Rioou), à cause que les rois commencèrent à faire par là leur première et principale entrée dans notre ville, tels que le bon roi René qui vivait alors, Charles III d’Anjou, son neveu et son successeur, qui, comme lui, se qualifiait de roi de Naples, et les rois de France François 1er, Charles IX, Louis XII et Louis XIV, qui nous ont fait l’honneur de nous visiter.
Les princes du sang fesaient ordinairement leur entrée dans Aix par cette porte, et nous remarquerons que le dernier qui y a passé a été le duc de Chartres, depuis duc d’Orléans, celui qui s’est rendu si fameux, an commencement de la révolution, sous le nom d’Egalité. Le 20 avril 1776, sur les dix heures et demie du soir, ce prince arriva, sans cérémonie, avec madame la duchesse sa femme, fille du vertueux duc de Penthièvre, la même que nous avons vue, en 1814, logée à l’hôtel d’Albertas, où de si nombreuses et de si vives acclamations la saluaient chaque fois qu’elle se montrait au balcon de cet hôtel…
Quoiqu’il n’y eût aucun ordre du roi de recevoir solennellement le duc de Chartres, comme on savait qu’il devait passer pour aller embarquer à loulou, MM. les consuls et assesseur étaient allés l’attendre à l’hôtel du Martigue, voisin de la porte Royale ; mais la voiture traversa si rapidement qu’ils ne purent le voir, et ils le suivirent en courant jusqu’à la poste aux chevaux, alors située à l’entrée de la rue du Bœuf, du côté de la rue d’Italie, où ils eurent l’honneur de le complimenter pendant qu’on relayait, après quoi il continua sa route par la porte Saint-Jean.
Ce fut le dernier prince qui passa sous cette porte des Augustins. Le bout de rue et la place publique qui la précèdent, ne sont qu’une continuation de la Grande-Rue-Saint-Esprit et donnent entrée dans les rues Villeverte et de la Couronne.

La colonne de granit qui, depuis une vingtaine d’années environ, surmonte la fontaine située au centre de la place des Augustins, est une de celles qui, sous les Romains, couronnaient l’antique mausolée dont nous avons parlé au commencement de cet ouvrage. Une autre des mêmes colonnes est élevée sur la fontaine placée à l’entrée du cours Saint-Louis, et il en reste huit ou dix couchées le long du mur du collége actuel de la ville, en attendant d’être employées comme les deux que nous citons ici, c’était bien la peine de les abattre !

 

1 Voyez au tom. 1er, pag. 8, 189, 218 et 532. Retour