Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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PARTIE INTERMÉDIAIRE
DE LA
RUE DES CORDELIERS
ous venons de dire qu’on appela d’abord rue des Fabres la principale des rues de ce premier agrandissement laquelle fut la prolongation de l’ancienne rue Esquicho-Mousquo de la ville comtale, 1 et se termina à la nouvelle porte dite des Anglais ou de Saint Jacques des Pèlerins. Ce nom lui fut donné à cause des serruriers, des maréchaux-ferrants et autres ouvriers de semblable profession qui s’y établirent en grand nombre. Plusieurs familles nobles ou de bonne bourgeoisie s’y fixèrent également aux siècles suivants, telles que les Florence, les Pinchinat, les Ségur, seigneurs de Luynes, etc. Dominique de Florence, religieux dominicain du couvent de Saint Maximin était né dans cette rue avant le milieu du XIVe siècle, suivant la plupart de nos auteurs provençaux, et il parait que c’est par erreur que les auteurs du Gallia Christiana le disent natif de Marseille. Ce religieux fut nommé évêque d’Alby en 1379 ; puis de Saint-Pons d’où il retourna à Alby, enfin archevêque de Toulouse en 1409. Au mois de mai 1420 , il fut mis à la tête du parlement de Languedoc établi par le Dauphin qui fut depuis le roi Charles VII, 2 et il mourut le 17 mars 1422 (n. st), plein d’années et de vertus. Il était probablement le fils ou le neveu de Jean de Florence, reçu maître-rational en la chambre des comptes de Provence, en 1359.
Antoine Martin Augustin Vitallis, auteur de quatre livres de fables qui ne sont pas sans quelque mérite, 3 était né dans la même rue le 11 novembre 1749. Nous ignorons le lieu et l’époque de sa mort. Voilà beaucoup de petites illustrations que vous citez, nous dira peut-être quelque critique. – Oui, sans doute ; mais franchement, peut-on espérer de rencontrer à tous les pas, des Vauvenargues, des Tournefort, des Adanson etc., et n’est-ce point de cette foule de personnages plus ou moins remarquables dans tous les genres par leur science, leurs talents, leurs grandes dignités. leurs services, etc., que se forme cette illustre galerie qui a élevé à un si haut degré la réputation de la ville d’Aix ?
Sur la ligne méridionale de cette rue, entre celles de Magnan et des Patis, se trouve la maison qu’ont habitée pendant environ deux siècles, les Perier, seigneurs de Clumans et marquis de Flayosc, qui ont donné successivement, depuis l’an 1586 jusqu’à la révolution, six conseillers au parlement, de père en fils, tous distingués par leur science et leur intégrité, et qui portent dans leurs armes une fleur de lis en témoignage de leur fidélité à Henri IV, pendant les malheureux temps de la ligue.
Un peu au-dessous de cette maison, ou voit l’entrée d’une vaste enceinte où était établi l’hôtel de la fabrication de la monnaie, avant sa translation dans la rue du Cheval-Blanc, vers la fin du XVIIe siècle. 4 En 1571, Me Honoré Eymeric, conseiller du roi et général en la cour des monnaies, commissaire député en Provence, se trouvant à Aix, Aubine Cazaneufve, Antoine Roy et Jean Bussan, gardes et contre-garde de la monnaie de cette ville, présentèrent requête aux consuls afin d’assigner au dit commissaire député un lieu apte à l’exercice et fabrique de ladite monnaie (qui, auparavant, se faisait en tel lieu de la ville que les directeurs jugeaient convenable), et les consuls lui assignèrent le local dont nous parlons. 5 Ce local avait alors son entrée principale dans cet impasse dit la Roumette, qu’on appelait la Tannerie supérieure, et qu’on voit encore sur la ligne orientale de la rue des Patis ou des Pénitents-Noirs.
1 Voyez, pour la partie supérieure, pag. 66. Retour
2 Histoire générale de Languedoc, in-f°, tom. IV, pag. 453. Retour
3 Elles ont eu deux éditions successives, à Paris, chez Dupont, en la même année 1796, in-8°. Retour
4 Voyez au second volume, rue du Cheval-Blanc ou de la Monnaie. Retour
5 Registre du Conseil de ville, de 1570 à 1571. Retour