Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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PARTIE SUPÉRIEURE
DE LA
RUE DU PONT-MOREAU
E que nous appelons aujourd’hui la rue du Pont-Moreau se nommait autrefois la Grande-Rue-Saint-Jean. Ce nom lui fut donné en 1451, lorsque, sous le bon roi Renié, le couvent et la place des Prêcheurs furent renfermés dans la ville. Le rempart qui passait auparavant le long des murs du palais des comtes de Provence, fut porté au levant et à quelques toises du couvent des Dominicains ou Prêcheurs, et de là, en suivant par la rue Ganay, jusqu’au-dessous du lieu où nous voyons aboutir l’égoût du Pont-Moreau, vers l’extrémité orientale de la rue Tournefort c’est là qu’on construisit une nouvelle porte de la ville, qu’on nomma la Porte Saint-Jean, parce qu’elle conduisait à l’église de ce nom appartenant aux chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et encore parce qu’on voulut conserver le nom de l’ancienne porte qui se trouvait à l’entrée de la Petite-Rue-Saint-Jean d’aujourd’hui. 1
Ce qu’on a appelé depuis lors le Pont-Moreau continua de se trouver hors la ville jusqu’en 1646, époque à laquelle le cardinal Michel Mazarin, archevêque d’Aix, obtint du roi la permission d’enclore de murs le quartier de Saint-Jean, celui d’Orbitelle et le Cours, où finissait l’ancienne ville. Comme il y eut alors dans ce nouvel agrandissement la rue de la Porte-Saint-Jean, actuellement rue d’Italie, la rue Longue-Saint-Jean, et la rue Cardinale, dite vulgairement la rue de l’église Saint-Jean, la Grande-Rue-Saint-Jean, qui se trouve entre le Pont-Moreau et la place des Prêcheurs, prit insensiblement le nom de rue du Pont-Moreau qui lui est resté.
En arrivant dans cette rue par le Pont-Moreau ou par la rue Tournefort, on aperçoit, à gauche, une grande maison qui a été coupée en deux il y a quelques années, et dont la partie au nord est aujourd’hui surmontée d’une terrasse agréablement ornée de vases de fleurs et d’arbustes. Cette maison, dont les derrières se trouvent dans la Petite-Rue-Saint-Jean, appartenait sur la fin du règne de René, au grand Palamède de Forbin, seigneur de Soliès, son principal ministre et l’immortel auteur de la réunion de la Provence à la couronne de France ; car nous ne devons jamais oublier que c’est à la couronne de France et non à la France que la Provence fut unie, et nullement subalternée, en 1481, par le testament de Charles II d’Anjou, neveu et héritier du roi René, et en 1486 par l’édit du roi Charles VIII ; 2 que jusqu’en 1789, les rois de France n’ont régné sur nos pères que comme comtes de Provence et non comme rois de France….. Le bonheur incroyable dont nous jouissons depuis près de soixante ans que la Provence, divisée en départements, fait partie alternativement de la république française, de l’empire français ou du royaume de France, ce bonheur, disons-nous, ne doit point nous faire perdre le souvenir des franchises et des libertés que notre pays avait conservées sous les comtes de Provence, rois de France, quelles que soient d’ailleurs celles dont nous font jouir les bureaucrates de Paris qui règlent si bien aujourd’hui jusqu’aux plus petits de nos mouvements….. Mais revenons à l’illustre Palamède de Forbin.
Ce grand homme, dont la plupart des biographes ne parlent pas, sans doute parce que jamais il n’ensanglanta la terre, ni ne fit de discours académiques, Palamède de Forbin, disons-nous, fut d’abord grand-président de la chambre des comptes de Provence en 1470 ; puis conseiller du bon roi René, dont il possédait la confiance et l’amitié. Il jouit de la même faveur sous Charles III, dernier comte de Provence, de la maison d’Anjou et c’est lui qui conseilla à ce prince, qui n avait pas d’enfants de léguer son petit Etat à Louis XI et à ses successeurs, non comme rois de France, nous le répétons, mais comme comtes de Provence.
Peu de jours après la mort de Charles III, Palamède se trouvant à l’archevêché, eut avis que François du Luxembourg, vicomte de Martigues, avait envahi la place des Prêcheurs avec bon nombre de ses partisans qui criaient vive Lorraine ! voulant faire soulever le peuple en faveur de René II, duc de Lorraine, qui réclamait la Provence comme petit-fils du roi René, par sa mère Yolande d’Anjou, fille de ce prince. Palamède accourut aussitôt avec tout ce qu’il put réunir de partisans de la France dans les rues de Littera, de Matheron et des Trois-Ormeaux où il frappait à toutes les portes. Il fondit avec eux sur François de Luxembourg, dont il dissipa les adhérents, et qu’il força à se réfugier lui-même dans l’église des Prêcheurs où il le fit prisonnier.
En récompense de tant de services, Louis XI le nomma grand-sénéchal, gouverneur et lieutenant-général de Provence et de Dauphiné, avec toute l’autorité d’un vice-roi, et lui donna le vicomté de Martigues confisqué sur François de Luxembourg. 3 Louis de Forbin, son fils, fut nommé par lui juge-mage de Provence, et Raymond de Glandevès, sieur de Faucon, son gendre, grand-sénéchal Ses parents et ses créatures furent pourvus de tous les emplois, et il gouverna souverainement la Provence avec autant de zèle que de talent. Une si haute fortune lui suscita des envieux et des ennemis qui firent tous leurs efforts pour le perdre dans l’esprit de Louis XI ; mais il sortit victorieux de toutes leurs accusations. Il fut moins heureux sous Charles VIII auquel il fut enfin obligé d’adresser la démission de toutes ses dignités, pour rentrer dans la vie privée où il montra autant de courage et de résignation qu’il avait déployé de talents dans la prospérité. Au mois de février 1508, un jour de dimanche, se promenant hors la ville, au soleil et à la cheminée du roi René, le long du rempart qui suivait alors la ligne septentrionale du Cours actuel, une défaillance l’obligea de s’asseoir sur un banc de pierre, près la porte de la ville, où il expira subitement. Son corps fut enterré sans cérémonie, le 12 du même mois, dans l’église de l’Observance, où il ne fut jamais placé d’épitaphe en son honneur, témoignage honteux de l’ingratitude de ses contemporains.
Mais, de son vivant, il avait eu le bonheur de marier sa petite-fille, Marguerite de Glandevès, avec Jean d’Anjou, marquis de Pont-à-Mousson, en Lorraine seigneur de Saint-Remy et de Saint-Cannat en Provence, fils naturel du bon roi René. Ce mariage fut célébré à Aix, 4 dans la maison dont nous venons de parler, le 15 mai 1500, et il en sortit trois filles dont une seule fut mariée. Ce fut Catherine d’Anjou, petite-fille du roi René, laquelle épousa, en 1526, le cousin-germain de sa mère, François de Forbin, Seigneur de Soliès, petit-fils du grand Palamède. Elle lui apporta en dot les terres de Saint-Remy et de Saint-Cannat et ses droits sur le marquisat de Pont-à-Mousson, dont les ducs de Lorraine s’emparèrent après la mort de Jean d’Anjou, et que les descendants de celui-ci ont vainement réclamé depuis lors.
Chrétienne d’Aguerre, qui joua un si grand rôle en Provence sous le nom de comtesse de Sault, était née en Lorraine peu après le milieu du XVIe siècle, de Claude d’Aguerre, baron de Vienne-le-Châtel, grand-maréchal de Lorraine, et de Jeanne de Hangest, vicomtesse de Berneuil. Elle épousa, au mois de novembre 1571, Antoine de Blanchefort, d’une très noble et ancienne maison du Limousin et petit-neveu d’un grand-maître de Rhodes. En considération de ce mariage, le cardinal Antoine de Créqui, évêque d’Amiens, prince de Poix, sire de Créqui et de Canaples, oncle maternel d’Antoine de Blanchefort, institua son neveu son principal héritier et lui donna dès-lors les terres de Créqui et de Fressin, à la charge de porter le cri, le nom et les armes de l’illustre maison de Créqui. Mais Blanchefort ne jouit pas longtemps de sa haute fortune ; il mourut jeune, ne laissant qu’un fils nommé Charles de Créqui, lequel fut depuis duc de Lesdiguières, pair et maréchal de France.
Chrétienne d’Aguerre, devenue veuve, se remaria, au mois d’avril 1578, 5 à François-Louis d’Agoult-Montauban, comte de Sault, le plus grand seigneur de Provence, où il possédait un nombre infini de terres nobles, auxquelles il réunit encore la baronnie de la Tour-d’Aigues. Ayant été fait chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1585, il paraissait n’avoir plus rien à désirer, lorsqu’il mourut de maladie au camp devant Sisteron, au mois de novembre 1586. C’est alors que sa veuve vint se fixer à Aix avec ses enfants, et prit son logement dans la maison qu’avait habitée l’illustre Palamède de Forbin, dans la Grande-Rue-Saint-Jean, aujourd’hui du Pont-Moreau.
La comtesse de Sault ne tarda pas à se mettre à la tête du parti de la Ligue qui commençait à se déclarer ouvertement, et elle acquit un si grand crédit sur l’esprit des habitants d’Aix, que le conseil de ville lui rendit, aux fêtes de Noël 1589, un hommage réservé jusqu’alors aux premières puissances du pays. Suivant une ancienne coutume, observée sous les comtes de Provence, les magistrats municipaux de cette ville portaient solennellement, la veille de Noël, au palais de nos souverains, une grosse pièce de bois destinée à tenir le feu et à brûler pendant les trois fêtes de Noël : c’est ce qu’on nommait en provençal lou Kalenaou ou lou Cacho-fuech. Ces magistrats qui étaient les syndics de la ville, dont le nom fut depuis changé en celui de consuls, faisaient leur collation à la table du souverain ou, en son absence, à celle du grand sénéchal, et allaient ensuite avec l’un ou l’autre entendre pieusement la messe de minuit. Lorsqu’il n’y eut plus de comtes résidant dans le pays, le gouverneur de Provence ou l’archevêque d’Aix succédèrent à l’honneur de voir porter la bûche de Noël chez eux, par les syndics ou par les consuls, et comme ni l’un ni l’autre ne se trouvaient dans la ville en 1589, à cause des troubles, le conseil délibéra, le 25 décembre, que l’on irait honorer madame la comtesse de Sault de la busche, Si tel estait son bon plaisir, et que messieurs les consuls lui fairaient un présent pour la collation.. 6
Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas de suivre la comtesse de Sault dans toutes ses intrigues pour faire arriver en Provence le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, à qui le parlement ligueur, demeuré à Aix, conféra toute autorité et commandement des armées, état et police du pays, sous l’Etat et couronne de France. 7 Nous nous proposons d’ailleurs d’en faire le sujet d’une notice plus étendue sur la vie de cette femme extraordinaire dont il n’est fait mention dans aucune biographie.
Charles-Emmanuel fit son entrée solennelle à Aix, le dimanche 18 novembre 1590, à la tête de son armée. La veille au soir, il était venu incognito dans la ville pour voir la comtesse à qui il avait de si grandes obligations. On raconte que lorsqu’il entra chez elle, la comtesse donnait quelques ordres à son cuisinier pour le repas du lendemain. Le duc s’approche sans bruit derrière elle, lui serre la tête et lui ferme les yeux avec les deux mains, en lui disant : devinez, Madame, qui je suis ; ce qui amena quelques plaisanteries, à la suite desquelles ils soupèrent ensemble amicalement.
Mais leur intimité ne dura guère. Le duc de Savoie, voulant consolider son établissement en Provence, fut infidèle aux promesses qu’il avait faites aux principaux chefs du parti qui l’avait appelé, car c’est ainsi qu’en usent ordinairement les usurpateurs. Le gouvernement de Berre qu’il donna au comte de Martinengue, l’un de ses lieutenants, quoiqu’il l’eût promis à Castellane-Bezaudun, 8 favori de la comtesse de Sault, fut cause d’une rupture entre cette dame et le duc. La comtesse cabala sourdement pour le chasser du pays, et le duc la fit arrêter dans sa maison, le 15 octobre 1591, avec l’intention de la faire conduire prisonnière au château de Nice. La comtesse ne perdit pas la tête : elle se dit malade et se mit au lit. Le médecin que le duc avait placé auprès d’elle y fut trompé et lui ordonna un remède que l’apothicaire Bertier, qui logeait en face de sa maison, 9 lui apporta à l’entrée de la nuit. C’était le mardi 22 octobre. Sous prétexte de prendre le remède ordonné, la comtesse éloigne ses gardes, fait mettre sur-le-champ dans son lit sa femme de chambre, nommée Herbin, et, par un escalier dérobé, monte au plus haut de la maison avec Charles de Créqui, son fils aîné.
Elle prend un habit de Savoyard et une fausse barbe ; son fils se déguise en jardinier et tous les deux montent sur le toit d’où ils passent dans la maison voisine. Ils y trouvent Fabrot, leur valet de chambre, qui les conduit à la porte Saint-Jean, par laquelle ils sortent de la ville. Des chevaux les y attendaient, et en quelques heures ils furent rendus à Marseille, d’où la comtesse agit avec tant d’ardeur contre le duc, qu’elle le contraignit enfin de s’en retourner dans ses Etats, au mois de mars 1592.
La comtesse de Sault se lia immédiatement avec le connétable de Montmorenci, le duc de Lesdiguières et le marquis de la Valette, frère du duc d’Epernon, qui commandaient les troupes du roi en Languedoc, en Dauphiné et en Provence, et lorsque Henri IV fut assis sur son trône, elle se rendit à sa cour, où l’on assure toutefois qu’elle jouit de peu de crédit. Elle avait eu de son second mariage Louis d’Agoult-Montauban, comte de Sault, Philippe d’Agoult, baron de Grimaud, et Jeanne d’Agoult, mariée à François de la Baume, comte de Montrevel. Elle perdit le second de ses fils, mort en 1608, ne laissant point d’enfants de Marie-Raymonde de Montlaur, sa femme ; et Louis d’Agoult mourut à la Tour-d’Aigues un an après son frère, en 1609, sans avoir été marié.
On prétend qu’il fut empoisonné, et que lorsqu’il eut expiré, la comtesse de Sault, sa mère, fit placer dans son lit le meunier de la Tour-d’Aigues, auquel elle avait fait la leçon, et qui dicta au notaire qu’on avait appelé, un faux testament par lequel la comtesse fut instituée héritière des biens de son fils. On ajoute que le meunier, profitant de sa position, se légua à lui-même les riches moulins de la Tour-d’Aigues, et que lui ayant été remontré l’importance du legs, il y insista toujours, ainsi qu’il est dit dans le manuscrit que nous allons citer, et ce qui rappelle cette réplique si plaisante de Crispin dans le Légataire :
…………………….Oui, sans laquelle clause,
Le présent testament sera nul, et pour cause.
La tradition de ce fait s’est conservée sur les lieux jusqu’à nos jours, et nous avons connu à Aix bien des personnes dignes de foi, notamment M. le président de Saint-Vincens le fils qui nous l’ont raconté plusieurs fois avec l’accent de la vérité. Nous n’oserions pas cependant en parler aussi publiquement, si nous ne l’avions trouvé rapporté dans les lettres manuscrites de l’avocat Decormis à son ami Saurin, qui se trouvent à la bibliothèque Méjanes. 10 M. Decormis assure avoir lu parmi les papiers de l’avocat-général Pierre Decormis, son grand-oncle, une description de faux contre ce testament, du temps de Charles de Créqui, fils aîné de la comtesse de Sault. C’est en 1721 que M. Decormis, alors âgé de 82 ans, écrivait cette lettre, 11 et la gravité de son caractère ne permet pas de supposer qu’il ait voulu faire un conte. D’ailleurs, M. Saurin avoue, en lui répondant, qu’il a toujours entendu parler de l’imposture du meunier, ce qui nous parait une nouvelle et très forte présomption de la vérité du fait. Il y eut, ajoute M. Decormis, une transaction sur ce faux, avec grande formalité et précaution. En effet, la comtesse de Sault avait très mal usé des biens de la maison d’Agoult, en les léguant à Charles de Créqui, son fils du premier lit, au préjudice de la comtesse de Montrevel qui en était l’héritière naturelle.
La comtesse de Sault mourut à Paris, le 7 avril 1611, au moment où elle se disposait à aller en Flandre, pour visiter Notre-Dame de Montaigu à qui elle s’était vouée pendant sa dernière maladie, ainsi que l’écrivait Malherbe à notre illustre Peiresc. 12 Son corps fut apporté en Provence et inhumé dans l’église paroissiale de Sault, où reposaient déjà son second mari et le dernier fils qu’elle avait perdus. En 1760, quelques réparations furent faites à cette église. On découvrit en les faisant, à ce que rapporte un auteur contemporain, 13 le caveau des anciens seigneurs de Sault, et on y descendit par divers degrés. On y trouva plusieurs cercueils de plomb, soudés hermétiquement et enchâssés dans d’autres cercueils de sapin parfaitement conservés. On ouvrit celui de la comtesse de Sault et on trouva le corps de cette dame entier, plein de suc, le visage frais et vermeil, souple et flexible, moins semblable à un corps mort qu’à une personne vivante qui repose. Ce corps avait cinq pieds six pouces de longueur, et conservait encore beaucoup d’embonpoint, ce qui prouve, ajoute cet auteur, que la comtesse était une très grande et très grosse femme. Elle avait été mise dans le cercueil sans chemise, enveloppée d’une simple toile qui n’était nullement endommagée.
Environ dix-sept ans après la mort de la comtesse de Sault la maison qu’elle avait habitée à Aix fut le théâtre d’une supposition de part dont les circonstances nous ont été conservées dans les mémoires manuscrits de Jacques Gaufridi, alors assesseur d’Aix, depuis premier président du parlement-semestre et l’âme du parti du comte d’Alais, gouverneur de Provence pendant les troubles occasionnés par l’établissement de cette cour. 14 Cet auteur croyait, nous dit-il, ces circonstances dignes de la curiosité des siècles à venir, attendu la condition des parties : le lecteur jugera s’il se trompait.
Il faut se rappeler que la comtesse de Sault avait eu, de son premier mariage, un fils nommé Charles de Créqui, lequel, sous l’habit d’un jardinier, s’évada avec sa mère, en 1591, de leur maison d’Aix où le duc de Savoie les retenait prisonniers. Lorsque les troubles de la Ligue furent appaisés et Henri IV en possession de sa couronne, la comtesse de Sault maria ce fils à Magdelaine de Bonne, alors fille unique de l’illustre François de Bonne de Lesdiguières, qui devint successivement maréchal, duc et pair, enfin connétable de France. Ce mariage fut célébré à Grenoble en 1595. Lesdiguières avait en ce même temps et du vivant de Claudine de Bérenger du Gua, sa femme, mère de Magdelaine, des liaisons avec Marie Vignon, femme d’un marchand de soie nommé Matel ; il l’avait logée chez lui et la faisait appeler la marquise de Tréfort. Sa femme étant morte en 1608, il épousa, peu d’années après, cette marquise de Tréfort, dont il avait déjà deux filles nommées Françoise et Catherine de Bonne, qu’il eut le crédit de faire légitimer par des lettres-patentes du roi, enregistrées au parlement de Grenoble, quoique ces filles fussent nées d’un commerce doublement adultérin.
Françoise de Bonne fut mariée, en 1612, à Charles-René Dupuy, marquis de Montbrun, dont elle n’eut point d’enfants. Son mariage fut cassé après la mort de ses deux sœurs, et son père lui fit épouser, en 1623, en lui donnant sept cent mille livres de dot, son beau-frère Charles de Créqui, veuf de Magdelaine de Bonne. Quant à Catherine, troisième fille du connétable et sa bien-aimée, elle avait épousé, en 1619, son neveu François de Créqui, comte de Sault, fils de Charles de Créqui et de Magdelaine sa première femme ; mais elle était morte sans enfants en 1621. Le connétable mourut lui-même en 1626, ayant fait son testament par lequel il instituait héritiers par égales parts, sa fille Françoise, seconde femme de Charles de Créqui, et son petit-fils François de Créqui, comte de Sault, à la charge par celui-ci de porter le nom de Bonne de Lesdiguières.
Le comte de Sault supportait difficilement qu’une femme, qu’il regardait comme illégitime, lui enlevât la moitié de la succession du connétable son aïeul, et quoique cette femme fût à la fois sa tante, sa belle-mère et sa belle-sœur, il lui tendit un piége auquel elle ne put s’empêcher de se laisser prendre. Il n’est pas certain, dit Gaufridi, que le comte de Sault ait eu lui-même la première pensée du crime dont il va être parlé, ou si cette pensée lui fut inspirée par quelqu’un qui voulait se rendre considérable auprès de lui; mais il est constant qu’il en eut connaissance dès le premier jour, qu’il en suivit les progrès et qu’il contribua de tout son pouvoir à sa réussite. Quoi qu’il en soit, Françoise de Bonne, duchesse de Lesdiguières, fille du feu connétable de ce nom et seconde femme du maréchal de Créqui, se voyant, privée des caresses de son mari, qui ne témoignait que trop par sa froideur ne l’avoir épousée qu’à cause de sa fortune, fut conseillée de feindre une grossesse qui devait, lui disait-on, lui rendre les bonnes grâces de son époux. Le nommé Charles le Sourd, son valet de chambre, l’entretenait sans cesse de cette idée que sa stérilité seule était cause de l’indifférence du maréchal, et que si elle pouvait lui donner un enfant, il reviendrait à elle avec la même tendresse qu’il avait eue pour sa première femme.
La duchesse vint donc à Aix vers le mois de juin 1627, se disant enceinte, et jouant si bien son rôle que chacun y fut trompé. Les remords l’accompagnaient cependant et plus d’une fois elle voulut mettre fin à cette comédie. Il est même positif que, sortant un soir de l’église des Grands-Carmes qui avait une issue qu’on voit encore dans cette petite rue qui, de celles des Gantiers et de l’Ancienne-Magdelaine, vient aboutir dans la Petite-Rue-Saint-Jean, presque en face des derrières de la maison qu’habitait la duchesse, 15 cette malheureuse femme se laissa tomber à dessein dans l’intention de supposer une fausse couche. Mais sa destinée était plus forte que sa raison, et sa femme de chambre, nommée Montagne, d’accord avec le Sourd, lui persuada tellement qu’il n’était plus temps de reculer et que sa fécondité allait la rendre au bonheur en renouvelant la tendresse de son mari, qu’elle se laissa entraîner.
Déjà, par les soins de cette femme de chambre, Claude Montagne, frère de celle-ci, et un nommé Goudin, natif d’Usèz, qualifié d’écuyer de la duchesse, étaient allés chercher en Languedoc une femme enceinte dont le terme de la grossesse s accordât avec leurs vues. Gaufridi assure que Montagne passant par Avignon, y vit le père Flotte, jésuite, par le moyen duquel il fit donner avis au comte de Sault, à Grenoble, de l’état des choses, et que le comte envoya alors à Aix un nommé Valois, son confident, pour entretenir la duchesse dans ces dispositions. Une femme enceinte et complaisante fut trouvée à Usèz, et amenée secrètement à Aix dans la maison de Sault, où les douleurs de l’enfantement la surprirent, tandis que la duchesse donnait un bal chez elle, dans les premiers jours de janvier 1628. Il fallut interrompre les danses et congédier la compagnie qui se laissa tromper aux apparences des tranchées que la duchesse feignit d’éprouver. Les bonnes femmes trouvaient déjà une ressemblance frappante entre le maréchal de Créqui et le nouveau-né, lorsque ce malheureux enfant mourut comme étouffé par les caresses peu d’heures après sa naissance, et la duchesse eut encore la pensée, suivant Gaufridi, de cesser toute feinte et de se refuser aux vues de ses domestiques. Mais ceux-ci l’emportèrent de nouveau, et son prétendu fils fut porté à la sépulture dans l’église des Minimes avec toute la pompe qu’on croyait due à sa condition. L’archevêque d’Aix, Duplessis de Richelieu, frère du cardinal, ministre de Louis XIII, assista au convoi, et toutes les personnes de distinction de la ville furent admises à présenter leurs hommages à la prétendue accouchée, ainsi qu’à lui témoigner la part qu’elles prenaient à son affliction.
Cependant le maréchal de Créqui et son fils le comte de Sault furent avertis à point nommé de l’événement. Le comte de Sault partit sur-le-champ en poste de Grenoble, et étant arrivé à Aix, il se présenta, le 14 janvier, au parlement où, attendu sa qualité de lieutenant de roi dans la province de Dauphiné, on lui donna séance au-dessus du doyen. Mais il fut arrêté qu’après avoir fait son compliment à la compagnie, s’il avait une plainte à porter, il la fairait du bureau et qu’il se pourvoirait par requête, ce qui eut lieu. Ayant demandé une information contre la dame de Créqui, la cour, attendu qu’il s’agissait d’une dame de la qualité de duchesse (ce sont les termes de l’arrêt) y procéda les chambres assemblées. L’information fut ordonnée, et le conseiller Julien de Périer, sieur de Clumans, en fut chargé. Pendant qu’on y travaillait, la duchesse réclama du parlement, des gardes pour sa sûreté personnelle, craignant, disait-elle, les violences de son mari qui venait de faire enlever de vive force à Grenoble, la connétable sa mère (Marie Vignon), et l’avait faite conduire prisonnière au fort Barraux.
La duchesse eut sa maison pour prison, et l’on décréta de prise de corps le Sourd, Montagne, sa sœur et la mère de l’enfant qui avaient eu le plus de part à cette intrigue. La prétendue accouchée fut interrogée et elle persista dans sa supposition. Elle souffrit alors la honte d’une visite qui, ayant justifié l’imposture, ses biens furent saisis, et comme c’était là le véritable but de cette odieuse trame, la duchesse fut enfin obligée de les abandonner à la maison de Créqui par une transaction, à la suite de laquelle elle fut mise hors de cour et de procès par un arrêt du parlement. Il est permis de penser que les juges eurent égard à la malheureuse position de cette femme si lâchement abusée, et que s’ils ne sévirent pas contre les véritables auteurs de cette indigne trahison, c’est que le haut rang de ceux-ci ne le permit pas.
Honoré Bouche, le seul de nos historiens imprimés qui fasse mention de cette affaire, en rend un compte très succinct dans son histoire de Provence, 16 et se borne à dire, qu’elle se termina à l’avantage du duc de Créqui. Les registres du parlement et l’histoire manuscrite de cette compagnie, par le conseiller d’Hesmivy-de-Moissac, nous ont été d’un grand secours dans le récit que nous venons de faire, de même que Tallemant des Reaux qui en parle aussi dans ses historiettes, 17 seulement il place la scène à la Tour-d’Aigues, et il diffère en quelques circonstances, des récits de Bouche et de Gaufridi, dont les témoignages nous paraissent plus certains, et sont d’ailleurs conformes aux registres du parlement, tandis que Tallemant écrivait à Paris sur ce qu’il entendait dire dans les salons. Mais, comme Gaufridi, il accuse la maison de Créqui, d’avoir voulu elle-même perdre la duchesse pour la faire cloîtrer et s’emparer de ses biens, et de plus il assure que l’enfant fut étouffé à sa naissance, d’après les instructions secrètes du maréchal.
L’historien Bouche que nous venons de citer, rapporte 18 que de son temps, la maison dont nous avons parlé, avait été refaite à la moderne par le président de la Roque, du nom de Forbin. Il reste cependant une partie de la façade de derrière, dans la Petite-Rue-Saint-Jean, qui date certainement du temps du grand Palamède, à en juger par un arceau en ogive que les passants peuvent remarquer. Nous ajouterons, pour compléter l’histoire de cette maison, qu’elle appartenait, en 1789, au moment de la révolution, à M. de Romégas, ancien lieutenant-général en la sénéchaussée de cette ville ; que Mgr. Claude Rey, sacré évêque de Dijon en 1832, démissionnaire en 1838, aujourd’hui chanoine du premier ordre du chapitre royal de Saint-Denis, y est né le 27 novembre 1773 ; enfin que feu M. Carle, pharmacien, y avait formé, il y a peu d’années, ce beau cabinet d’ornithologie que la commune a acheté après le décès de cet amateur, et qu’on voit aujourd’hui dans une des salles de l’Hôtel-de-Ville.
La dernière maison de la même île, située entre la Petite-Rue-Saint-Jean et celle du Pont-Moreau, maison qui vise actuellement sur ces deux rues et sur la place du Palais-de-Justice, appartenait, au XVIIe siècle, à l’un des magistrats les plus estimables et les plus considérés de son temps, dont les historiens du pays n’ont pas fait cependant une mention assez étendue, ce qui nous engage à donner cette notice.
Pierre de Raffelis, seigneur de Roquesante, était né en 1619, d’une famille noble du comtat Venaissin. A peine âgé de 22 ans, il fut reçu conseiller au parlement d’Aix, et se fit remarquer dès lors par ses lumières et par son intégrité. En 1661, il fut choisi pour faire partie de la chambre de justice à laquelle fut attribuée la connaissance du procès du surintendant Fouquet, accusé d’énormes dilapidations. On connaît les circonstances de ce mémorable procès et l’intérêt que l’illustre madame de Sévigné portait au surintendant. Roquesante se rendit célèbre par son avis qu’il développa avec beaucoup de force et d’éloquence, et qui devint celui de la majorité des juges. D’après cet avis, Fouquet fut condamné au bannissement que le roi commua en une prison perpétuelle.
Le ministère aurait voulu cependant obtenir une condamnation à mort, et n’avait rien négligé pour y amener les opinions. Entre autres moyens employés pour gagner celle de Roquesante, la supérieure de l’abbaye du Val-de-Grâce, à Paris, avait été chargée de solliciter de celle des Bénédictines de la Celle, nouvellement établies à Aix, deux places dans leur couvent pour les filles de Roquesante, et faisait valoir auprès d’elle l’estime qu’on avait à la cour pour ce magistrat et pour sa femme. D’autres faveurs lui furent aussi promises sans doute ; mais rien ne put l’ébranler et il demeura fidèle à sa conscience et au malheur. Aussi, le ministère le poursuivit-il avec acharnement après la prononciation de l’arrêt qui fut rendu en 1664. Il fut exilé à Quimper-Corentin, en Basse-Bretagne, et ses biens furent confisqués. Il fut obligé de se défaire de sa charge et ce ne fut qu’en 1667 qu’il eut la liberté de revenir en Provence. Ses biens lui furent enfin rendus par lettres-patentes en 1674, et la même année le roi lui accorda des lettres de conseiller honoraire. Mais il en fit peu d’usage, et se retira à son château de Grambois, où il finit ses jours le 14 septembre 1707, dans sa 89e année. On y voit encore la chambre où il mourut, qu’on a conservée dans l’état où elle se trouvait à cette époque, et qui est décorée de son portrait peint par Mignard.
De son vivant, des sommes considérables lui furent offertes plusieurs fois, au nom de la famille du malheureux Fouquet, mais il les refusa toujours avec dignité, disant que le témoignage de sa conscience suffisait pour l’indemniser des revers que cette affaire lui avait causés. Un jour, un inconnu se présente au château de Grambois, et remet au domestique qui vient lui ouvrir, une caisse de peu d’apparence et portant l’adresse de Roquesante ; après quoi cet inconnu disparaît au plus vite. On ouvre la caisse et l’on trouve qu’elle renferme deux peintures qui sont encore aujourd’hui conservées dans ce château. L’une, admirable par sa fraîcheur et sa beauté, représente l’image du Sauveur, peinte sur cuivre et entourée de vingt-deux têtes d’anges en forme d’auréole. Cette tête paraît vivante, et l’on n’a peut-être jamais rien vu d’aussi parfait. Au-dessous, on lit en lettres d’or, sur un fond noir, une inscription en anglais que nous regrettons de ne pouvoir rapporter textuellement, mais dont le sens est que Ce portrait de N. S. J. C. a été envoyé au pape Innocent, par le Grand Turc, pour prix de la rançon du frère de celui-ci qui avait été frit prisonnier ; ce qui se rapporte à l’infortuné prince Zizim, fils et frère des sultans Mahomet II et Bajazet II, mort en 1495, et dont l’histoire est assez connue. On peut la lire au surplus dans celle de Malte par l’abbé de Vertot, et mieux encore dans la Biographie universelle de Michaud , tom. LII, art. Zizim. Le cadre de ce précieux tableau est en ébène, et les quatre coins en sont garnis en argent. Un verre recouvre la face de N. S. qui repose sur un fond doré.
L’autre peinture, bien inférieure à celle dont nous venons de parler est un tableau allégorique qui, seul, pouvait indiquer d’où venait un aussi riche présent. Il est en forme de médaillon ovale, représentant un rocher où tâche de se réfugier un écureuil poursuivi par une couleuvre et par un lézard. L’écureuil la couleuvre et le lézard sont les principales pièces des armoiries de Fouquet, de Colbert et de Letellier de Louvois, ennemis mortels du surintendant. 19 Au haut du rocher on lit cette légende : Rocca di salute, qui fait allusion au nom de Roquesante, et une guirlande de fleurs entoure le médaillon.
Un des fils de ce vertueux magistrat, mort supérieur de la maison de l’Oratoire de Toulouse, 20 y fut l’ami d’un fils de Fouquet, aussi prêtre de la même congrégation, qui lui donna, en témoignage de son affection et de la reconnaissance que sa famille avait conservée pour Roquesante, un superbe crucifix en ivoire monté sur une croix en bois d’ébène, qui avait appartenu à l’évêque d’Agde, son oncle, frère du surintendant. Ce crucifix, longtemps déposé dans la maison de l’Oratoire à Aix, orne actuellement le grand autel de l’église métropolitaine de Saint-Sauveur.
1 Voyez ci-dessus, pag. 241. Retour
2 Voyez ci-dessus, pag. 152 et suiv. Retour
3 Nous nous proposons de publier ici en entier le texte des lettres-patentes expédiées par Louis XI, en faveur de Palamède de Forbin à la date du 19 décembre 1481, qui sont bien le titre le plus honorable qu’aucune famille de ce pays puisse produire ; mais leur extrême longueur nous y fait renoncer, et nous nous bornerons à renvoyer nos lecteurs aux divers auteurs provençaux qui en donnent l’analyse, tels que César Nostradamus, Hist. de Prov., pag. 656; Hon. Bouche, Hist. de Prov., tom. II, pag. 489 ; Gaufridi, Hist. de Prov., pag. 358 ; Papon, Hist. gén. de Prov., tom. III, pag. 407, etc., etc. Retour
4 Hist. de Lorraine, par dom Calmer, in-f°, aux preuves, tom. III, pag. 326. Retour
5 Ant. Forbin et Phil. Cothereau, notaires au Châtelet de Paris. Retour
6 Voyez, aux archives de la ville, le registre des délibérations du conseil, année 1589. Retour
7 Voyez ci-dessus, pag. 157 et suiv. Retour
8 Honoré-Louis de Castellane, sieur de Bezaudun, l’un des principaux chefs de la Ligue en Provence. Il a laissé des mémoires manuscrits très curieux, dont nous possédons une copie, commençant en 1589 et finissant au 30 mars 1592, à l’époque du retour du duc de Savoie dans ses Etats. Ces mémoires sont écrits avec chaleur, mais il y a souvent de la déclamation. Bezaudun, second fils de Philibert de Castellane, seigneur de la Verdière, et de Louise d’Ancésune, sa femme, était né au château de la Verdière, le 8 mai 1559. Un manifeste éloquent, qu’il avait publié contre le duc d’Epernon, fut cause de sa mort ; car ayant été fait prisonnier à l’affaire de Sénas, près d’Orgon, par le capitaine loyer, il fut conduit par celui-ci devant d’Epernon qui, ne pouvant retenir les mouvements de colère que la vue de Bezaudun venait de réveiller en lui, le fit massacrer inhumainement en sa présence le 17 avril 1594, n’étant alors âgé que de 35 ans. Quelques auteurs le nomment, par erreur, Antoine-Honoré, et d’autres, Louis-Honoré. – Balthazar de Castellane, seigneur d’Ampus, son frère cadet, né au château de la Verdière, le 7 juillet 1560, fut encore plus grand capitaine que lui, et devint général de la Ligue en Provence, après la mort du fameux baron de Vins, tué au siége de Grasse, le 20 novembre 1589 (Voyez ci-dessus, pag. 24 et suiv.). D’Ampus fut premier consul d’Aix, procureur du pays, en 1589-90, et était sorti de charge depuis peu, lorsqu il voulut surprendre la ville de Tarascon occupée par les royalistes. Il y fut blessé mortellement le 10 janvier 1591, et expira le lendemain, à l’âge de trente ans et six mois, emportant les regrets de l’un et de l’autre parti. – Jean de Castellane, seigneur de la Verdière, leur frère aîné, mourut à Aix étant premier consul , procureur du pays, le 15 septembre 1589, âgé de quarante-quatre ans et fut enseveli solennellement le dimanche 18 décembre, dans l’église de Saint-Sauveur. Il était né le 10 septembre 1544. Retour
9 Nous remarquerons en passant que depuis plus de deux cent cinquante ans, celle de Bertier est occupée par des apothicaires ou pharmaciens : nous y en avons déjà vu quatre ou cinq de notre temps. Celui dont nous parlons plus haut était l’un des aïeux du savant oratorien Etienne-Joseph Bertier, né à Aix le 30 décembre 1702 (et non en 1710), mort à Paris le 15 novembre 1783. Correspondant de l’Académie des Sciences de Paris et membre de la Société Royale de Londres, il s’attacha particulièrement à la physique et à la philosophie de Descartes. Les divers ouvrages qu’il a laissés sont pleins de recherches curieuses on petit en voir le nombre et les titres dans le Dictionnaire des hommes illustres de Provence, in-4°, tom. II, pag. 573, et dans la Biographie universelle de Michaud, tom. IV, pag. 362. Louis XV appelait le P. Bertier, le père aux tourbillons, et d’Alembert disait de lui qu’il était fanatique pour les sciences. Retour
10 Voyez ci-dessus, pag. 492 et suiv. Retour
11 Lettre du 9 juin 1721 pag. 1525, et réponse du 11 juin, pag. 1545. Retour
12 Lettres de Malherbe. Paris, Blaise, 1822, in-8°, lettre 78, pag. 195. Retour
13 Le marquis de Cambis, Addit. au même hist. et critiq. sur le maréchal de Bellegarde, par M. Secousse ; Paris, 1767, in-12, pag. 115 et suiv. jusqu’à 123. Retour
14 Voyez ci-dessus, pag. 48 et 49. Ces mémoires, dont nous possédons des copies, forment deux ouvrages distincts qu’on peut appeler les grands et les petits mémoires. Ces derniers ne sont, à proprement parler, qu’un journal des faits qui se sont passés à Aix, depuis la fin de l’année 1622 jusqu’au mois d’octobre 1666, sauf les lacunes. Les grands mémoires portent le titre d’Histoire de Provence, et contiennent ce qui s’est passé de plus remarquable dans ce pays, depuis 1626 jusqu’à la fameuse journée de Saint-Sébastien en 1649 (Voyez ci-dessus, pag. 426 et suiv.). C’est dans ceux-ci que se trouve l’aventure de la duchesse de Créqui. Retour
15 C’est celle que nous nommons la Petite-Rue-des-Carmes. Retour
16 Tom. II, pag. 873. Retour
17 Tom. I, pag. 82 et 83. Retour
18 Pag. 741. Retour
19 Le grand Turenne disait d’eux : l’un, a plus d’envie que Fouquet soit pendu ; l’autre, a plus de peur qu’il ne le soit pas. Retour
20 Jean de Raffelis-Roquesante, né à Aix le 4 octobre 1656, mort le 16 avril 1747, âgé de 91 ans. On peut lire son article dans le Dictionnaire des hommes illustres de Provence, in-4°, tom. II, pag. 173. Retour