Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE DES ORFÈVRES
L N’Y A guère plus d’un siècle qu’on l’appelle ainsi ; la plupart des orfèvres de la ville, qui habitaient auparavant la rue de la Sabaterie à laquelle ils avaient même donné pendant quelque temps le nom de rue des Orfèvres, étant venu s’établir dans celle qu’on appelait auparavant la rue Droite parce que c’était la seule de la ville comtale qui fut véritablement alignée d’un bout à l’autre.
Pierre de Brandis, chanoine de St-Sauveur et l’un des quatre conseillers-clercs de l’institution du parlement d’Aix, créé par Louis XII en 1501, y demeurait. Ce magistrat fut député à Rome en 1516 avec le Conseiller de Forbin, fils du grand Palamède, relativement à l’importante affaire de l’annexe, 1 qu’ils terminèrent avec le pape Léon X, à la satisfaction du roi et du parlement. L’année suivante Brandis fut encore commis pour taxer tous les bénéfices ecclésiastiques de la province au dixième de leur revenu, suivant l’accord fait entre le pape et François 1er , portant que celui-ci pourrait prélever ce dixième a son profit, lorsque les besoins de l’Etat l’exigeraient. C’est ce qu’on nommait en Provence la cote de Brandis.
Vers le haut de la rue, à gauche en montant, on voit une très belle maison dont la façade, entièrement construite en pierre de taille, est fort remarquable. Les cariatides qui supportent le grand balcon au-dessus de la porte d’entrée, sont du meilleur goût. Cette maison avait appartenu, au commencement du XVIe siècle, au pieux Jacques de la Roque, fondateur de l’hôpital Saint-Jacques, sur lequel l’honorable M. Mouan, sous-bibliothécaire de la ville, a publié, en 1854, une notice intéressante. Mais la construction moderne de cet édifice ne date que de la fin du XVIe siècle et est due à Jacques d’Arbaud, seigneur de Jouques et de Gardanne, dont la veuve le vendit peu d’années après la mort de son mari.
1 L’annexe était un droit particulier du parlement de Provence qui en a joui jusqu’à la révolution, en vertu duquel toutes les bulles, brefs, rescrits et mandats apostoliques, tant pour les dispenses des vœux et des mariages, que pour la collation des bénéfices, les jubilés, les indulgences, enfin toutes les expéditions de la cour de Rome et de la légation d’Avignon, ne pouvaient être exécutées dans l’étendue de son ressort sans sa permission, paréatis, entérinement ou attache que l’on appelait annexe. Sous Léon X, le vice-légat d’Avignon avait voulu s’y soustraire, mais il fut contraint de se soumettre à ce droit dont jouissaient, avant l’institution du parlement, les anciens tribunaux supérieurs des comtes de Provence (d’Hesmivy de Moissac, Histoire du parlement de Provence, mss.). Retour