Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE MONCLAR
E nom du plus illustre de tant de procureurs-généraux qui ont honoré le parlement d’Aix, fut aussi donné en 1811 à la rue qui borde le coté méridional du nouveau palais de justice, comme le nom de Peiresc à celle qui longe le côté septentrional du même monument. On voulut sans doute alors perpétuer le souvenir de ces deux hommes célèbres car Monclar ne le fut pas moins que Peiresc, par son érudition et son éloquence. Son compte-rendu des constitutions des jésuites, son plaidoyer dans le fameux procès de ces religieux, et son mémoire servant à établir la souveraineté du roi sur la ville d’Avignon et le comté Venaissin, seront considérés à jamais comme des chefs-d’œuvre d’histoire et de dialectique, quelles que soient les opinions des lecteurs quant au fond même de ces affaires. Il est permis de croire que trente ans plus tard, leur auteur eût professé des doctrines bien opposées à celles qu’il émit dans ces deux ouvrages, et l’on s’étonnera toujours de la rigueur avec laquelle il poursuivît le président d’Eguilles, son parent, à raison des liaisons de celui-ci avec les jésuites. 1
Jean Pierre François de Ripert, baron de Monclar, fils d’un conseiller qui fut depuis procureur-général au parlement d’Aix, et auquel il succéda dans cette dernière charge en 1732, naquit le 1er octobre 1711, au château de Saint-Saturnin , près d’Apt où sa famille allait passer le temps des vacances, et il y mourut le 12 février 1773, pendant l’exil du parlement. 2 Son fils périt à l’âge de trente-un ans sur l’échafaud révolutionnaire de Paris quarante jours avant la mort de Robespierre. 3
Telles sont les rues, tels sont les principaux édifices situés dans l’ancienne ville comtale. On aura pu remarquer qu’il n’y avait aux XI et XIIe siècles aucune église dans cette enceinte , si ce n’est celle qui, très probablement, devait se trouver dans l’intérieur du palais des comtes de Provence. L’église paroissiale de Sainte-Magdelaine était alors située hors la ville, du côté du sud-est, à peu près là où se trouve actuellement l’hôtel de la Mule-Noire. L’église de Sainte Catherine ne fut bâtie, avons-nous dit, 4 que vers l’an 1220; celle des religieuses de Sainte Claire, le fut seulement lors de la translation de ces religieuses dans l’intérieur de la cité en 1361, 5 ou peu d’années après. Enfin la chapelle de l’hôpital de la Miséricorde ne date que du milieu du XVIIe siècle. 6 Faut-il en conclure qu’aux XI et XIIe siècles les habitants de la ville comtale étaient moins religieux qu’ils ne l’ont été depuis ? Nous ne le pensons pas, et nous estimons qu’on a perdu le souvenir des édifices consacrés au culte qui ont pu exister avant le XIIIe siècle, ou qu’antérieurement à cette époque, l’église paroissiale de Sainte-Magdelaine, dont nous venons de parler, et celle que nous supposons avoir du se trouver dans l’intérieur du palais comtal, suffisaient aux besoins de la population.
1 Voyez ci-dessus, pag. 40 et suiv., et plus bas rue de la Grande-Horloge. Retour
2 Voyez ci-dessus, pag. 15, note 1. Retour
3 Après le rétablissement du l’ancien parlement par Louis XVI, en 1775, ce fils occupa un office de substitut du procureur général, en attendant de pouvoir remplir celui de son père auquel succéda, à cette époque, M. de Castillon (voyez au second volume, le Cours). Mais il se dégoûta bientôt de son but et voulut suivre la carrière militaire. Ce jeune homme courtisait secrètement une dame de Marseille, et demanda, un jour, à M. de Castillon, son supérieur et son mentor, la permission d’aller dans cette ville pont y voir, lui dit-il, représenter Thésée, opéra alors dans sa nouveauté, qui attirait, chaque soir, une grande foule au spectacle. – Thésée ? lui dit le malin procureur général en souriant, c’est madame de . . . qui est Thésée. Retour
4 Voyez ci-dessus, pag. 18. Retour