Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
>>> Retour Accueil du Blog <<<
PARTIE SUPÉRIEURE
DE LA
GRANDE-RUE-SAINT-ESPRIT
A portion de la rue actuelle de ce nom , qui s’étend depuis la place Saint-Honoré jusqu’à l’ouverture de la rue de Nazareth, n’en faisait pas partie anciennement et se trouvait comprise dans ce qu’on appelait la rue des Salins qui se prolongeait jusqu’à l’extrémité orientale de celle des Gantiers. 1 Sur la ligne septentrionale de cette portion, est situé le bel hôtel d’Eguilles auquel sont attachés une foule de souvenirs. Cet hôtel fut bâti vers 1675, sur les dessins du célèbre architecte Pierre Puget, surnommé le Michel-Ange français, par les soins de Magdelaine de Forbin d’Oppède, veuve de Vincent de Boyer, seigneur d’Eguilles, conseiller au parlement, le même qui avait été l’héritier du poète Malherbe. 2 Jean-Baptiste de Boyer d’Eguilles, conseiller au parlement, né à Aix le 21 décembre 1645, mort le 4 octobre 1709, fut un amateur très distingué des beaux-arts et possédait l’un des plus riches cabinets qui aient jamais existé dans cette ville. On y voyait un grand nombre de tableaux originaux de Raphaël, d’André del Sarto, du Titien, de Michel-Ange Caravage, de Paul Véronèse, du Corrège, du Carrache, du Tintoret, du Guide, de Poussin, de Bourdon, de Lesueur, de Puget, de Rubens, de Van-Dyck, etc. Il avait gravé lui-même plusieurs de ces tableaux qu’on trouve dans la première édition de ses estampes, publiée en 1709, par Coelmans 3 et par Barras 4, et qui ne se trouvent plus dans la seconde édition donnée par Mariette, à Paris, 1744, in-f°. 5
Jean-Baptiste de Boyer, marquis d’Argens, 6 célèbre petit-fils du précédent, né dans cet hôtel le 27 juin 1703, et non le 24 juin 1704, comme il est dit dans toutes les biographies, 7 est si connu par le nombre et la nature de ses ouvrages, qu’il serait superflu d’en parler longuement ici. Nous nous bornerons donc à dire que le grand Frédéric roi de Prusse, dont le marquis philosophe fut longtemps le chambellan et l’ami, lui fit élever dans l’église des minimes d’Aix, à sa mort arrivée en 1771, un mausolée en marbre qui se trouve aujourd’hui au musée de la ville, et dont on petit lire la description dans Millin. 8
Alexandre-Jean-Baptiste de Boyer, seigneur d’Eguilles, président au parlement, frère puîné du marquis d’Argens, né dans le même hôtel le 29 mars 1708, mort le 8 octobre 1785, fut un des plus grands magistrats de son temps. En 1745 le roi Louis XV le députa auprès du Prétendant d’Angleterre, le prince Charles-Edouard Stuart, auquel il conduisit un secours en hommes et en argent lors de sa descente en Ecosse.
En 1762 commencèrent les poursuites que le parlement d’Aix dirigea, comme les autres parlements de France, contre la société de Jésus et qui se terminèrent par son fameux arrêt du 28 janvier 1763, portant suppression des jésuites dans toute l’étendue de son ressort, condamnation de leur morale, etc. Le président d’Eguilles et plusieurs de ses collègues dévoués à la société, tentèrent d’incroyables efforts pour empêcher sa ruine, prévenir l’arrêt ou le faire révoquer. Le président rendit publics des mémoires qu’il avait présentés au roi contre le parlement qu’il accusait de prévarication dans cette affaire; ensuite de quoi il fut mis en mercuriale par sa compagnie qui, par arrêt du 17 mai de la même année 1763, condamna le président de Boyer d’Eguilles à être et demeurer banni du royaume à perpétuité ; l’abbé de Barrigue-Montvalon, conseiller-clerc, à être banni de la province et du ressort de la cour pendant le temps et terme de vingt années ; les conseillers de Coriolis, Laugier de Beaurecueil, Deydier-Curiol de Mirabeau, d’Arbaud de Jouques père, de Barrigue-Montvalon père, et de Barrigue-Montvalon fils, à être rayés de la liste des officiers de la cour comme incapables d’exercer aucun office de magistrature ; enfin, les conseillers Méri de la Canorgue et de Cadenet de Charleval, à être et demeurer interdits de toutes fonctions de leurs charges pendant le temps et terme de quinze années.
Cet arrêt, auquel concoururent trente-trois membres du parlement, les autres s’étant abstenus soit comme parents des prévenus, soit comme ayant témoigné dans la procédure, excita des haines dans Aix qui ne disparurent entièrement qu’à la révolution, lorsque des dangers communs réunirent les hautes classes de la société menacées également par les partisans des nouvelles opinions. 9
Le président d’Eguilles laissa en mourant des mémoires très curieux contenant l’histoire de sa vie et qui sont demeurés manuscrits, sauf la partie relative à l’expédition du prince Edouard. 10 M. de Monclar les appelait, assez plaisamment. le roman de M. d’Éguilles, voulant faire allusion à ceux que le marquis d’Argens, son frère, avait publiés en si grand nombre.
Un autre de leurs frères, Luc de Boyer d’Argens, chevalier de Malte, né à Aix en 1710, a fait imprimer, à la Haye, chez Paupie, en 1739, des Réflexions politiques sur l’état et les devoirs des chevaliers de Malte, en un petit volume in-16.
L’hôtel d’Albertas qui touche immédiatement le précédent, est infiniment plus vaste et le surpassait en magnificence. Les vieillards se souviennent encore du grand état de maison que ses maîtres y tenaient avant la révolution, à l’égal de ceux du gouverneur ou du commandant en chef de la province, du premier président du Parlement qui unissait à ses fonctions celles d’intendant de Provence, de l’archevêque président-né des états et premier procureur-né du pays, et d’autres nobles seigneurs que leur haute position et leur grande fortune plaçaient à la tête de la province et de la cité. Ces hautes positions et ces grandes fortunes qui élevaient jadis la ville d’Aix au rang des premières villes de France, ont disparu avons-nous dit plus haut. Puissent du moins nos faibles écrits en perpétuer pendant quelque temps le souvenir !
Henri-Reynaud d’Albertas, seigneur de Bouc et de Dauphin, etc., succéda en 1707, aux quatre Seguiran, marquis de Bouc, ses aïeux maternels qui, durant un siècle, avaient occupé, de père en fils, la charge de premier président de la Cour des comptes, aides et finances de Provence. C’est lui qui, sur la fin de ses jours, entreprit la construction du superbe hôtel dont nous parlons. Jean-Baptiste d’Albertas, son fils et son successeur, en acheva la bâtisse et fit construire au-devant, en 1745 et 46 la jolie place en forme de fer à cheval qui porte son nom, ornée de maisons d’une élégante symétrie, au nombre desquelles se trouve celle de l’honorable chef actuel de la cité. 11 Jean-Baptiste d’Albertas, après avoir résigné sa charge à son fils 12 en 1775, jouissait en paix des douceurs de la vie et d’une considération justement méritée, lorsque la révolution éclata, il fut l’un des premiers gentilshommes possédant fiefs qui, aux états-généraux de Provence tenus à Aix au commencement de 1789, fit volontairement le sacrifice des privilèges pécuniaires dont jouissaient ses terres nobles et il signala par de nombreux actes de bienfaisance son désir de maintenir la paix publique. Le 14 juillet 1790, jour mémorable de la fédération qu’on célébrait dans toute la France, il partageait l’allégresse générale dans son parc de Gémenos, se mêlant familièrement à ses anciens vassaux, lorsqu’un monstre s’approcha de lui et le perça d’un coup de couteau qui l’étendit mort sur la place. Les repas, les jeux et les danses furent interrompus à l’instant et le lâche auteur de cet exécrable assassinat, Anicet Martel, fut arrêté et conduit à Aix où il ne tarda pas à expier son crime sur l’échafaud. Par arrêt du Parlement, le dernier que cette cour prononça eu matière criminelle, Anicet Martel fut roué vif, le 2 août suivant malgré quelques tentatives qui furent faites sur le lieu et au moment de l’exécution pour le soustraire au supplice. 13
Nous avons tous vu en 1814 les fêtes brillantes, les superbes illuminations qui eurent lieu à l’hôtel d’Albertas, à l’occasion du retour des Bourbons. La vertueuse fille du duc de Penthièvre, alors duchesse douairière d’Orléans, y logea pendant quelques jours au mois de juillet et S. A. R. MONSIEUR, comte d’Artois qui a été depuis l’infortuné Charles X, y passa une partie de la journée du 29 septembre et la nuit suivante, puis une seconde fois, à son retour de Marseille et de Toulon, charmant tous les cœurs par sa douce affabilité, son urbanité chevaleresque et toutes les grâces répandues sur sa personne. Combien la ville d’Aix était heureuse alors de le posséder dans ses murs ! Quel enthousiasme, disons mieux, quel délire l’accompagnait partout où il se montrait! Et qu’on était loin de prévoir les nouveaux malheurs qui devaient accabler ce prince et son auguste famille !
Sur l’emplacement de cet hôtel existait à la fin du XVIe siècle la maison qu’habitait Jean Agar, de Cavaillon, conseiller au Parlement d’Aix, l’un des plus ardents ligueurs de Provence. Il commanda plusieurs fois les troupes levées par sa compagnie contre le service d’Henri III et d’Henri IV, notamment en 1589 au siége de Grasse après la mort du baron de Vins. S’étant brouillé à cette époque avec la fameuse comtesse de Sault dont nous parlerons ailleurs 14 et qui méditait déjà d’appeler le duc de Savoie en Provence, il fit cacher dans le palais, de concert avec trois de ses collègues, pendant la nuit du 14 au 15 mars 1590, trois cents hommes de troupe, espérant forcer le Parlement à se déclarer contre la comtesse et faire prévaloir le comte de Carces sur le duc.
Mais les consuls et le conseiller Honoré Sommat du Castellar, chef de la faction opposée, s’étant montrés ayant à leur suite deux pièces de canon et environ neuf cents hommes qui criaient dans les rues : Vive la Messe et son Altesse ! ceux qui gardaient le palais prirent la fuite ; Agar et ses collègues les conseillers Pierre Puget, seigneur de Tourtour, Melchior Desideri et Arnoux de Bannis, seigneur de Châteauneuf, coururent se cacher derrière une vieille tapisserie où il furent bientôt découverts. 15 On les traîna honteusement en prison d’où ils furent transférés le 7 mai suivant au château de Meyreuil. Le duc de Savoie les en fit sortir au mois de novembre 1591 après s’être brouillé à son tour avec la comtesse de Sault, et ils rentrèrent dans la compagnie. Agar mourut le 4 septembre 1595, huit mois après que la ville d’Aix eût reconnu Henri IV, et il fut enseveli le lendemain dans l’église des Augustins, accompagné de toute la cour, des consuls et des plus notables habitants de la ville qui tous honoraient son mérite personnel, malgré les égarements dans lesquels l’esprit de parti l’avait entraîné.
Sur le sol de la place d’Albertas existait la maison de la famille de Paule, qui nous était venue de Marseille où elle tenait un rang honorable. Louis de Punie, reçu procureur général au parlement d’Aix en 1611, puis conseiller en la même cour en 1614, était soupçonné d’être favorable à l’établissement des Elus que les états de la province repoussaient comme contraire aux privilèges du pays. C’en fut assez pour que ses ennemis ameutassent la populace contre lui en 1650, lorsque le cardinal de Richelieu, premier ministre, voulut faire cet établissement. La maison de Paule fut saccagée et pillée le 27 octobre, comme celles du prévôt Dumas, de l’auditeur Chaix et du greffier Menc, ainsi que nous le dirons plus longuement ailleurs. 16 Quant à de Paule, il en fut dédommagé deux ans plus tard par le don que lui fit le roi de la charge de président, qui venait d’être confisquée sur Laurent de Coriolis. 17
La maison qui fait le coin opposé à l’hôtel d’Albertas et dont nous avons vu abattre une partie, il y a peu d’années, pour l’élargissement de la rue de l’Official, a appartenu, pendant près de trois cents ans, à l’une des plus anciennes familles consulaires, aujourd’hui éteinte, et celle qui avait peut-être le mieux mérité l’affection et la reconnaissance du pays. Nous voulons parler de la famille Gaufridi dont le nom est cependant presque oublié dans Aix, au point qu’on l’y appelle Gaufrédi lorsqu’on parle d’un charmant pavillon qui lui avait également appartenu pendant plus de deux siècles, et qui est situé à l’extrémité du Faubourg, sur la route d’Avignon, dans le voisinage de l’ancien couvent des chartreux et de celui des dames du Sacré-cœur. 18 Sans entrer dans la généalogie de cette famille, qui avait fourni un très grand nombre de consuls et d’assesseurs d’Aix depuis 1572, et des magistrats distingués tant au parlement qu’à la cour des comptes, nous allons mentionner ceux d’entre eux qui se firent le plus remarquer par leur amour pour la patrie, leurs lumières et leur talent. Alexis Gaufridi était assesseur lorsque fut mis à exécution le célèbre édit de la réformation de la justice en Provence, donné par François 1er, au mois de septembre 1535, et en vertu duquel il fut mis en possession, avec les trois consuls ses collègues, par le président Feu, commissaire à ce député par le roi, en présence des Etats-généraux assemblés dans le réfectoire des PP.prêcheurs, le 4 décembre de la même année 1535, de la charge de procureurs-nés des gens des trois états du pays et comté de Provence. L’empereur Charles-Quint entra dans cette province au mois d’août de l’année suivante 1536. Gaufridi et ses collègues s’en étaient déjà absentés pour ne pas être contraints de paraître devant lui et de subir la loi de cet ennemi de leur légitime souverain, comme on le verra ailleurs ; 19 et depuis il fut deux fois premier consul, en 1543-44 et en 1551-52, 20 donnant toujours des preuves de son zèle et de sa capacité. Il mourut en 1584, faisant profession de la religion reformée. 21
Jacques Gaufridi, son petit-fils, né à Aix en 1597, fut deux fois assesseur d’Aix, ensuite président de la chambre des requêtes établie près le parlement en 1641, enfin premier président du parlement semestre. Il fut le principal conseil du comte d’Alais, gouverneur de Provence, et partagea la haine populaire que l’établissement du Semestre excita contre ce prince c’est pour cette raison que sa maison, qui est celle dont nous parlons, fut saccagée, ses meubles et ses livres pillés ou brûlés le 20 janvier 1649, 22 et il fut obligé lui-même de s’absenter de la province pendant un grand nombre d’années pour échapper à la rage de ses ennemis. Revenu à Aix longtemps après, il vécut dans la retraite et mourut en 1684, dans son pavillon voisin des chartreux, dont nous avons parlé ci-dessus et à l’occasion duquel nous donnerons ci-après une biographie plus ample de cet illustre magistrat.
Jean-François de Gaufridi, baron de Trets, fils du précédent, naquit à Aix le 13 juillet 1622 et fut reçu conseiller au parlement en 1660. Il composa une Histoire de Provence, qu’après sa mort, arrivée le 2 novembre 1689, Anne de Grasse-Mouans, sa veuve, et l’abbé de Gaufridi, leur fils, donnèrent au public, en deux volumes in-f°. 23 Cette histoire est exacte pour les faits, particulièrement ceux du XVIe siècle, et renferme des recherches curieuses; mais l’auteur ne cite jamais les sources où il a puisé, et ce défaut nuit beaucoup à la confiance qu’on peut avoir en lui.
Jacques-Joseph de Gaufridi, fils de l’historien, né encore dans la maison dont nous parlons le 1er janvier 1674, fut reçu, en 1701 avocat-général au parlement, et se signala par son érudition et son éloquence jusqu’à sa mort arrivée en 1741. C’est lui qui vendit l’ancienne demeure de sa famille.
1 C’est encore une des bévues commises en 1811 et dont nous avons parlé plus haut. pag. 8, note 1. Retour
2 Voyez nos Recherches biographiques sur Malherbe et sur sa famille, Aix, Nicot et Aubin, 1840, in-8° de 64 pag., avec fac-similé de quatre signatures différentes de Malherbe. Ces recherches se trouvent aussi dans le tome IV des Mémoires de l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d’Aix. Elles furent suivies d’un appendice, à Aix, chez les mêmes, 1841, trois p. in-8°. Retour
3 Jacques Coelmans, né à Anvers, de Guillaume Coelmans et de Marguerite de la Garde, se fixa à Aix vers la fin du XVIIe siècle, et s’y fit connaître par un nombre infini de gravures, notamment de portraits que les curieux conservent encore. Il s’était marié à Aix en 1699 et y mourut le 11 février 1732, âgé de 66 ans. Retour
4 Sébastien Barras, peintre et graveur, était né en 1653, ce qui résulte de son acte de mariage avec Catherine Orcel, du 25avril 1691, paroisse Ste Magdelaine, où il se dit âgé de 38 ans et fils de Bris Barras et de Françoise Jaubert. Ses gravures sont aussi rares qu’estimées et par cela même très recherchées. Ses peintures ne sont pas moins précieuses. La principale est un plafond magnifique dans la grande salle du rez-de-chaussée de l’hôtel d’Eguilles, hôtel appartenant aujourd’hui à M. Augier, négociant, et où l’on ne voit plus que ce plafond peint par Barras et une superbe statue colossale représentant un Faune qu’on attribue à P.Puget, et qui est plus probablement de Christophe Veyrier, son élève. Tout le reste du beau cabinet de messieurs d’Eguilles a disparu. Retour
5 Voyez son article dans la Biographie universelle de Michaud, t. V, p. 246, où il y a bien des erreurs quant aux dates. Retour
6 La terre d’Argens, près Castellane, fut érigée en marquisat en 4722, en faveur de Pierre-Jean de Boyer, seigneur d’Eguilles, procureur-général au parlement, qui en fit prendre le nom et le titre à son fils aîné alors âgé de 19 ans. Retour
7 Nous avons commis la même erreur dans nos Recherches biographiques sur Malherbe, pag. 58, et nous la rectifions ici, après avoir vérifié les registres des baptêmes de la paroisse Sainte Magdelaine. Retour
8 Voyage dans les départements du midi, tom. II, p. 249 et suiv. Retour
9 Le roi adoucit, quelques années après, la rigueur de cet arrêt qui n’avait été rendu que par contumace contre le président, et il lui fut permis de se retirer dans sa terre d’Éguilles où il mourut. On raconte qu’il s’y faisait raser par un barbier qui était en même temps le chirurgien du lieu. Un jour ayant été assez fortement indisposé, il fit appeler le docteur Pontier, habile médecin et chirurgien d’Aix, en qui il avait confiance, ce qui humilia singulièrement le barbier. Celui-ci lui en fit ses plaintes, prétendant qu’il en aurait su autant que le docteur, et citant pour exemple l’opération de la pierre qu’il avait pratiquée depuis peu sur un habitant d’Eguilles. – Tu as raison d’en tirer vanité, dit le président ; n’est-il pas vrai que le malade mourut dans tes bras, sous l’opération ? – Belle question répondit le barbier; le malade mourut dans mes bras, je l’avoue ; mais n’est-il pas vrai aussi que je finis par lui extraire la pierre ? (Noun aguéri la peiro !). Le malheureux avait terminé l’opération sur le cadavre du patient ! Retour
10 On la trouve dans les Archives littéraires de l’Europe, etc., par une société de gens de lettres, t. 1er, p. 78 à 101, Paris, 1804, in-8°. Retour
11 M. Antoine-François Aude, notaire royal, maire d’Aix, officier de l’ordre royal de la Légion D’honneur. Retour
12 M. le marquis d’Albertas (Jean-Baptiste Suzanne), qui fut depuis préfet des Bouches-du-Rhône et pair de France sous la Restauration, mort en 1829. Retour
13 Anicet Martel et l’exécuteur étaient à peine arrivés sur l’échafaud, lorsque des pierres, lancées par des malintentionnés répandus dans la foule des spectateurs qui encombraient la place et la toiture des maisons voisines, annoncèrent le dessein formé d’exciter du désordre et d’enlever l’assassin. Mais quelques coups de fusils chargés à poudre et tirés en l’air par les soldats de l’escorte, suffirent pour dissiper les attroupements. Cependant l’exécuteur s’était évadé et Martel se voyant libre, s’était élancé de l’échafaud, espérant se sauver à l’aide du tumulte. Un capitaine au régiment de Lyonnais, M. Payan de la Tour, qui commandait l’escorte, le retint en le collant à terre avec la pointe de son épée qu’il lui appuya sur la poitrine. Le bourreau ayant été retrouvé dans un confessionnal de l’église des capucins, hors la ville (aujourd’hui celle de l’hôpital Saint-Jacques), où il était allé se cacher, fut ramené sur les lieux et il consomma l’exécution. A. Martel, à peine âgé de vingt ou vingt-un ans, était un très petit homme, bossu, ayant la tête grosse et le visage effilé. Retour
14 Voyez ci-après, rue du Pont-Moreau. Retour
15 C’est ce qu’on nomma dans le temps la journée du palais. Retour
16 Voyez ci-après rue du Grand-Séminaire, Petite rue saint jean, place de la Plate forme et rue Villeverte. Retour
17 Le dernier rejeton de la famille de Paule, vendit cette maison à M. d’Albertas qui la fit abattre pour y construire la place actuelle. Nous avons ouï dire à notre aïeul maternel, dont la maison visait sur cette place, que M. de Paule, voulant forcer pour ainsi dire la vente de la sienne, en avait fait barbouiller la façade en gris très foncé et presque noir, en sorte que l’hôtel d’Albertas était dans l’obscurité pendant la plus grande partie du jour, la rue des Salins, comme on l’appelait encore alors, étant fort étroite à cette époque, principalement dans cette partie. Retour
18 Le dernier Gaufridi, fils de l’avocat-général, fit héritier de ses biens son neveu d’Estienne du Bourguet, conseiller au parlement, à la charge de porter le nom et les armes de Gaufridi. Croirait-on que le fils de celui-ci étant mort en 1851, on a placé sur sa tombe, au cimetière d’Aix, une inscription sépulcrale dans laquelle il est nommé d’Estienne-Gouffrédy ? Cette erreur a sans doute été commise à l’insu de la famille à laquelle nous la signalons pour l’honneur d’un nom aussi recommandable à tant de titres, et qu’on ne devrait pas défigurer, ce nous semble. Retour
19 Voyez rue Sainte-Croix. Retour
20 Nous observerons une fois pour toutes, que jusqu’en 1669, les consuls et assesseur d’Aix et avant eux les syndics de la ville, entraient en exercice le 1er novembre et restaient en charge jusqu’au 31 octobre de l’année suivante, ce que nous expliquons par abréviation on disant 1543-44, 1551-52, et ainsi chaque fois que l’occasion s’en présentera. Faute d’avoir fait cette observation, quelques auteurs ont placé sous tel ou tel consulat des faits qui appartenaient au consulat précédent ou au suivant, et nous en citerons plusieurs exemples remarquables. Retour
21 Voyez son testament du 1er juin 1584, Nicolas Borrilli, notaire, par lequel il exprime la volonté d’être enterré suivant les usages de cette religion. Retour
22 Voyez ci-après rue et procession de Saint Sébastien. Retour
23 A Aix, chez David, 1694. Voyez le Journal des savants du 19 Janvier 1699 ;
– la Bibliothèque historique de la France, par P. Lelong, tom. III, n° 38110 ;
-et la Biographie universelle de Michaud, tom. XVI, pag. 575, au mot Gaufridi. Retour