Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE BOUENO-CARRIERO
L en existe encore une petite partie située entre la rue Monclar et celle des Gantiers, laquelle fut épargnée lors de la délimitation des abords du nouveau palais de justice. On l’appelait très anciennement la rue du Four du Temple, parce que là se trouvait le four où les Templiers allaient cuire leur pain. Mais dans le XVe siècle un lieu public de débauche y ayant été établi, les libertins qui le fréquentaient nommèrent par dérision cette rue la Bouèno Carrièro (la Bonne Rue), et ce nom lui est resté. On assure même que celui deis Peitraoux qu’elle a également porté, concurremment avec l’autre, lui venait de ce que les femmes de mauvaise vie s’y montraient publiquement la poitrine découverte, ce qui ne leur était pas permis dans les autres parties de la ville.
Un pareil voisinage n’empêcha pas cependant de très honnêtes familles de faire leur résidence dans la rue du B…el ou de la Lupanarié (Lupanarium), autrement dite du Four du Temple, ce qui conste par les actes de reconnaissance des censes passées en faveur des prieurs de l’église de Saint-Jean qui avaient succédé aux biens des Templiers. C’est ainsi que nous trouvons parmi ces censitaires un Balthazar de Gérente, un Michel Emeric et un Gabriel Eyraud, en 1409 ; un Antoine de Fulconis, en 1476; un Antoine de Fortis, en 1533 ; un Toussaint de Beaumont, en 1545 ; et la même année, un Bernard de Badet, conseiller au Parlement, l’un des commissaires députés pour l’exécution du mémorable arrêt rendu contre les hérétiques de Cabrières et de Mérindol, etc. – Boniface de Fara, qualifié de professeur en droit, y logeait en 1337, ce qui nous est une preuve à ajouter à celles que nous fournirons ailleurs, de l’ancienneté des écoles de droit dans cette ville.