Lu dans « Les Cahiers du Sud du 1er novembre 1947 » :
« Aix, cette cité vénérable, où l’azur méditerranéen baigne les nobles architectures, où le murmure mélancolique des fontaines berce les souvenirs d’un passé fastueux, Aix, où l’on peut rêver parmi les trésors d’art et les vieux livres des bibliothèques, Aix, ce Versailles du midi, offre aussi des plaisirs qu’on né trouve guère d’ordinaire dans les villes-musées. Station thermale et climatique, centre touristique de la Provence, elle a les agréments des villes d’eaux les plus élégantes et les plus animées. Le Casino Municipal rivalise avec les plus beaux établissements de la Côte d’Azur. Ses fêtes ont une qualité, une élégance et un éclat particuliers, car la proximité de Marseille met à la dis position de ce Versailles provençal toutes les ressources artistiques du grand port phocéen. L’hippodrome, le Golf — un des plus beaux de France — la Piscine Olympique et le Club Hippique offrent sur place les distractions les plus variées. Et le voyageur doit faire effort pour s’arracher aux plaisirs nombreux qui lui sont proposés, s’il veut profiter d’un séjour à Aix, centre naturel des excursions en Provence, pour visiter l’ancien « royaume » du Roi René. Mais comme il est récompensé de cet effort ! Quelques pas hors de la ville et le voici au cœur d’un paysage virgilien, spectateur des mille tableaux que composent la lumière et l’ombre et dont une haie de cyprès, un vieux mas doré par le soleil, et chère à Cézanne, la ligne bleue de la Montagne Sainte-Victoire, forment l’arabesque. Mais s’il part en voiture, son embarras commence. Comment choisir entre tint de beautés naturelles et de merveilles architecturales ? Quelques minutes, quelques heures au plus de trajet et voici la Durance et le Lubéron avec les châteaux de Vauvenargues, de Lourmarin, de la Tour-d’Aigues, Gordes, Oppède et la Fontaine de Vaucluse. Voici les Abbayes de Montmajour et de Silvacane.
Voici le Temple romain de Vernègues. Voici Moustiers Sainte-Marie et les gorges du Verdon, qui évoquent le canon du Colorado. Voici les Baux et les Antiques de Saint-Rémy. Voici Marseille, les Calanques de Cassis, et Martigues, la Venise provençale. Voici la basilique de Saint-Maximin, Aigues-Mortes, les Saintes-Maries-de-la-Mer et la Sainte-Baume où Marie-Madeleine pleura le Christ. Oui, mais, se demandera-t-on, le voyageur trouvera-t-il dans le Versailles du Midi — outre « le reste »: sports, promenades, distractions, qui lui est offert à profusion — l’essentiel: bon souper et bon gîte ? Crainte bien naturelle: depuis plusieurs années les touristes ne pouvaient plus s’arrêter à Aix. Sous la pression des événements, l’équipement mobilier de la ville avait dû changer complètement de destination. Mais les circonstances créées par la guerre ne sont plus: les hôtels ont rouvert leurs portes. Un effort couronné d’un plein succès a été accompli pour rendre à la grande station provençale tout l’attrait qu’elle avait avant la guerre. Le célèbre Hôtel du Roi René a été complètement remis à neuf. Il offre de nouveau ce cadre unique, ce confort, cet accueil qu. assurèrent sa réputation. Le Casino a, lui aussi, subi d’importantes transformations. Il offre cette année aux hivernants et aux estivants les distractions artistiques les plus choisies. Aucune trace ne subsiste donc d’un passé si proche et si morose. Aix a fait peau neuve pour être digne de votre visite. Aix s’apprête à vous accueillir. Aix vous offrira toutes les grâces des siècles défunts, toutes les aises de la vie moderne et le sourire de sa lumière. »
Sources et droits des documents de cet article :
• Collection personnelle de Thierry Brayer
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