Situé au Nord de l’ancienne Z.U.P. d’Encagnane et en bordure de l’avenue de l’Europe à Aix en Provence, le domaine de la Mareschale, avec son grand parc et sa vieille bastide, est le seul qui ait survécu à la construction de grands ensembles dans ce secteur.
Le 22 avril 1696, Monsieur GAUTIER, Maitre-Tailleur d’habits pour femmes, devient propriétaire de « vignes avec leurs arbres oliviers d’une contenance de sept quarterrees et trois hommes de seissee, au terroir dudit aix quartier de berengue confrontant du couchant le chemin allant de cette ville à Encagnane. »
Bien qu’aucun prix-fait n’ait été retrouvé, on peut penser que la Bastide a été construite en 1696, date inscrite sur un des piliers d’entrée. Marié à Ursule GAUTIER, Joseph, Alexandre MARECHAL, Maitre-Chirurgien, tient cette propriété de son beau-père. Parcelle après parcelle, il l’agrandit régulièrement. Après lui, son fils Jean-Pierre en fait autant. En 1773, année de sa mort, ce dernier dresse « l’état de ses biens au soleil ». Il y précise qu’il a augmenté à plusieurs reprises le bâtiment. Ce qui confirme le point de vue des spécialistes selon lesquels cette bâtisse, édifiée au XVIIe siècle a été profondément remaniée au siècle suivant.
Jean Pierre MARECHAL (1706-1773), bourgeois et commerçant à Aix hérite de la Bastide. Son père lui a laissé « 22 quarterrées dont 16 à la Bastide ». Il poursuit l’agrandissement des terres et augmente à plusieurs reprises le Bâtiment. En 1773, année de sa mort, il fait « l’état de ses biens au soleil » : 52 quarterrées dont 43 forment la Bastide. Il estime l’ensemble de ses biens à une valeur de 36000 livres » à cause du bâtiment de la proximité de la ville ». La bastide sera transmise ensuite à :
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- Joseph, Raymond MARECHAL, dit l’Aîné, Officier Municipal, Avocat au Parlement de Provence, né en 1759,
- Raymond, Bruno, Marie MARECHAL, industriel né en 1806 et marié à Angélique Mure
- Marie MARECHAL, mariée en 1869 à Henri ROULAND, armateur à Marseille
- Georges,-Henri, Marie ROULAND (1870-1949) industriel, marié à Mathilde PLAISANT
En 1938, une partie de la propriété est vendue en lotissement. Le cahier des charges stipule que la voie de desserte devra porter le nom de Bruno MARESCHAL.
- Henri, Marie, Antoine ROULAND (1898) Avocat, marié à Thérèse KOWLER
En 1960, c’est la naissance de la Z.U.P. ; avant, des terres qui s’étendent à l’ouest de la ville d’Aix en Provence sur un terrain en pente douce sans attrait majeur particulier. Créée par un arrêté ministériel, les premiers travaux d’infrastructure mettent longtemps avant de démarrer puisque c’est seulement en 1965, que le premier coup de pioche est donné. Il le sera à l’initiative de la Société d’Économie Mixte de la ville d’Aix, sur une superficie totale de 63 ha. On mesure l’importance de la réalisation effectuée dans ce quartier, grâce à quelques chiffres : 4233 logements, 1567 studios, construits et habités. En ce qui concerne les voiries, 110 000 m3 de terrassement pour réaliser l’encaissement des chaussées, 193 500 m2 de voies réalisées, 60 000 ml de conduites ; que de chiffres arides pour se rendre compte de ce qu’il a fallu pour faire sortir de terre cet immense champignon. Déjà, 4 ans après le premier coup de pioche, un quotidien aixois écrit sous le titre «la ZUP s’inscrit définitivement dans la réalité aixoise, la ZUP est sortie définitivement de son silence de béton ». Peu à peu, les hommes qui ont habité la vaste zone se sont groupés et ont décidé de faire vivre leur immense quartier au rythme d’Aix en Provence. Au rythme, pourquoi pas, des grandes cités tournées vers l’avenir. Le problème des enfants est résolu, on les amène avec les parents, on les fait participer à de nombreux jeux de sociétés, de danse, d’atelier, le tout est que l’on s’amuse, que le temps passe dans la bonne humeur et l’entente. Je crois pouvoir dire, aujourd’hui que cela existe à la ZUP, grâce à quelques hommes et femmes…».
1969, sept ans déjà, la vie est entrée dans le grand corps de la ZUP. L’animation, qui fait le sujet de prédilections de nos sociologues actuels, est née spontanément, des habitants eux-mêmes, qui tous ensemble, sentent le besoin d’animer, de renforcer et de faire croitre le grand corps humain dans lequel ils vivent. Tout ne va pas tout seul, et les pouvoirs publics, la municipalité, les habitants, les présidents d’associations, rencontrent toutes sortes de problèmes : le manque de transports en commun, l’insécurité, le bruit des machines et des bulldozers, le manque de locaux pour les associations. Tout cela se règle peu à peu. les habitants et la municipalité travaillant de façon remarquable la main dans la main.
Et puis, tout ce qui est nécessaire à la vie en société, commence à pousser, les groupes scolaires, les crèches et haltes-garderies, les activités commerciales, le marché qui devint petit à petit le cœur de cette ZUP. Le futur ensemble commercial « Centraix », à quelques enjambées de la Bastide et dont les travaux de construction ont commencé fin Juillet 1972 se composera d’un supermarché alimentaire occupant la presque totalité du rez-de-chaussée soit une superficie de 2.500 m2. Les galeries marchandes abriteront sur deux étages une quarantaine de locaux commerciaux. Un parking pouvant recevoir 344 voitures sur une superficie de 10.000 m2 est prévu au sous-sol. L’ensemble devait s’ouvrir au public au plus tard début 1974.
En 1972, la Bastide est cédée à la Ville d’Aix-en-Provence. L’acte de vente précise : « La collectivité mettra tout en œuvre pour que les bâtiments existants soient utilisés pour des activités à caractère social ou culturel ».-
La municipalité l’acquiert donc dans le but d’utiliser une partie du terrain pour la construction d’un groupe scolaire. Mais il fallait préserver, pour les mettre à la disposition de la population, le seul grand espace boisé de ce quartier et une maison historique qui fait partie du patrimoine artistique et culturel de la ville d’Aix.
Mais, avec ses tapisseries et ses boiseries anciennes, la Bastide ne se prêtait guère à une « occupation sauvage », mais elle constituait un cadre irremplaçable pour la vie socio-culturelle du quartier.
C’est ainsi que I’O.M.A.S.A. entreprit immédiatement une étude pour la création d’une maison de quartier, étude à laquelle les associations d’Encagnane furent appelées à collaborer et qui reçut l’approbation de la Municipalité.
L’expérience était nouvelle à Aix et certains s’en inquiétèrent. Fallait-il vraiment créer une association nouvelle, fallait-il que la municipalité gère directement la maison de quartier et comment éviter à la fois la concurrence avec les associations et une gestion municipale directe qui eût exclu la représentation des intéressés de la marche de la maison ?
Afin de ne pas retarder l’ouverture de la maison de quartier, dès le mois de mai 1973, l’O.M.A.S.A. reçut une subvention à cet effet et fut chargé par la municipalité de nommer une résidente responsable de l’aménagement de la maison, de la mise en route et de la coordination des activités. La maison de quartier la Mareschale centralise et coordonne l’animation débordante de l’ex-ZUP d’Encagnane, car la ZUP n’est plus la ZUP mais elle est devenue un quartier.
Dès le mois de décembre 1973, une association est créée et le conseil d’administration élu pour un an s’attacha, sous la présidence de M. Giraud, à préciser les buts de la maison de quartier et à multiplier les réalisations malgré une absence totale de budget pour le fonctionnement des activités. Avec l’aide du Relais Culturel, des ateliers pour enfants, des animations pour jeunes et adultes (musique, photo, cirque, marionnettes) réveillèrent le vieux jardin et peu à peu se précisa la vocation particulière de la maison de quartier : ni centre social puisque le centre social « La Provence » existe et répond aux besoins exprimés par ses adhérents, ni centre culturel au sens le plus exhaustif du terme comme peut l’être le Relais Culturel, ni centre de formation permanentes relevant de l’Éducation nationale, ni centre médico-social spécialisé, et pourtant… tout cela à la fois, au service des habitants d’Encagnane.
Sources et droits des documents de cet article :
• Paule MELCUS, Norbert ROULAND, Thierry BRAYER, la revue municipale d’Aix, les archives de la Maison de quartier La Mareschale, IGN
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