Les Rues d’Aix – Cours Sextius


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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COURS SEXTIUS

E Cours qui, du côté du couchant, sépare la ville du faubourg Saint-Jean-Baptiste, dit anciennement le faubourg des Cordeliers, est bordé de maisons de commerçants, de commissionnaires de roulage, de charrons, de maréchaux, de forgerons, d’auberges et de cafés, depuis la porte Villeverte jusqu’à celle des Cordeliers. La ligne orientale qui est adossée au rempart, le masque entièrement et ne laisse pas soupçonner que dans cette partie la ville est derrière.
Vers le commencement de la ligne occidentale, à gauche en arrivant par la grande route de Paris, fut bâti en 1734, l’hôpital des incurables fondé par le procureur-général André de la Garde 1 et qui a été transféré depuis la révolution dans l’ancien couvent des Capucins attenant à l’hôpital Saint-Jacques.
Plus haut, après avoir dépassé l’entrée de la rue de Guerre, se trouve la maison où est né, le 19 octobre 1797, Mgr Joseph-André Guitton, d’abord vicaire-général d’Angoulême, sacré évêque de Poitiers le 29 juin 1842, actuellement vivant et si justement vénéré par tous ses diocésains, à cause de ses rares vertus et de son angélique piété.
L’église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste extra muros qui se présente ensuite, fut bâtie en 1691, comme succursale de la paroisse de Saint-Sauveur, au moyen des libéralités de Jean-Baptiste du Chaine, 2 chanoine de la métropole, d’une famille parlementaire éteinte depuis environ cent cinquante ans, après avoir fourni plusieurs magistrats de grand mérite. Le service de cette église fut confié aux PP. de la Doctrine Chrétienne établis à Aix peu d’années auparavant ; mais ce fut en 1703 seulement qu’un arrêt du parlement leur attribua l’exercice plein et entier des fonctions curiales.
Le cours Sextius, ainsi nommé en 1811, en mémoire du fondateur de la ville, est très large et planté de deux rangs d’arbres qui conduisent à l’établissement public des bains de Sextius. Les eaux thermales qui alimentent ces bains furent retrouvées en 1704. Les Romains les avaient connues et à diverses époques on avait tenté de les utiliser de nouveau. Plusieurs ouvrages font mention de leurs vertus médicales et des salutaires effets qu’en éprouvent les personnes qui en font usage. 3 Lorsqu’on a dépassé la porte des Cordeliers, le Cours Sextius se divise dans sa longueur en deux portions égales dont l’une, à droite, se dirige vers les bains publics, et l’autre, à gauche, continue de longer le faubourg des Cordeliers jusqu’à la rue de la Molle. Cette portion s’appelait anciennement la rue Cavalette, nous ne saurions dire pourquoi, et est comprise maintenant sous la dénomination générale de Cours Sextius. C’est là principalement qu’habitent les plâtriers et les tuiliers.
A la même époque de 1811, on donna le nom de Vanloo, à la rue qui s’ouvre en face de la porte des Cordeliers et qui conduit au pavillon de la Molle dont nous parlerons bientôt et que les Vanloo avaient possédé. C’est la plus ancienne rue du faubourg ; elle était déjà habitée au XIIe siècle.
La rue de Guerre tire son nom de la famille de Guerre qui y faisait sa demeure au XVIIe siècle. Une rue voisine, qui n’avait pas de nom qui lui fut propre, fut appelée plus tard la rue de la Paix par des ignorants ou de mauvais plaisants qui s’imaginèrent que l’autre s’appelait la rue de la Guerre et crurent faire une antithèse pleine d’esprit par cette dénomination de la Paix.
La rue de Reauville dont le sol appartenait anciennement aux Rolland, seigneurs de Reauville, fut appelée aussi la rue de la Burlière, à cause qu’étant fort longue et bien alignée, les paysans allaient y jouer aux boules 4 les dimanches et jours de fêtes. Au XIVe siècle, les plâtriers étaient logés la plupart dans la partie haute de cette rue et elle s’appelait le faubourg des Gipières. 5 Trois cents ans plus tard elle prit le nom de rue des Bourras, à cause des pénitents-gris ou bourras qui y établirent leur chapelle en 1677. Le cardinal Grimaldi, archevêque d’Aix, leur fondateur, les destina plus particulièrement à accompagner les pauvres à la sépulture.
Deux autres rues reçurent, en 1811, les noms de Vendôme et de la Molle, parce qu’elles conduisent l’une et l’autre au pavillon que le cardinal duc de Vendôme, gouverneur de Provence, avait fait bâtir quelques années avant sa mort. Ce prince avait employé à la construction de ce bâtiment les vingt mille livres que la province lui avait données pour acquérir le terrain situé à l’extrémité de la ligne méridionale du Cours, où il se proposait de faire élever un palais. 6 Mais il ajourna ce premier projet pour se livrer à l’exécution du second qui lui devint funeste, s’il faut en croire la tradition, sur la cause principale de sa mort arrivée en 1669. 7 Cet édifice, auquel il donna le nom modeste de pavillon, est entièrement construit en pierres de taille ; la façade en est d’une très belle architecture et porte la majestueuse empreinte du siècle de Louis XIV. Il est parfaitement conservé, mais ces beaux marronniers d’Inde que le cardinal de Vendôme avait plantés, ces statues en pierre qui ornaient ce parc magnifique que nous avons encore vu dans notre jeune âge, ont disparu sous la faux révolutionnaire, en 1795 et années suivantes.
Le grand Vendôme, fils du cardinal, ayant vendu en 1693 le terrain situé sur le Cours, vendit aussi le pavillon dont nous parlons à Joseph-Jean-Baptiste de Suffren, seigneur de la Molle, conseiller au parlement, mort doyen de cette cour en 1737, et c’est de lui que ce domaine prit le nom de la Molle qu’il n’a jamais cessé de porter depuis lors. 8
Jean-Baptiste Vanloo, le grand peintre d’histoire et de portraits dont s’honore la ville d’Aix, l’acquit après le doyen de la Molle et y mourut le 20 septembre 1745. Il était né en cette ville, le 11 janvier 1684. Sa vie et ses nombreux ouvrages sont trop connus pour que nous en parlions ici. On sait que ses fils et son frère puîné, Charles-André, dit Carle Vanloo, furent ses élèves ; mais n’étant pas nés à Aix, nous n’avons pas à en parler. 9
Barthélemy-Louis Reboul, secrétaire de la société d’agriculture d’Aix et qui avait publié quelques écrits sur l’agronomie, possédait le pavillon de la Molle au moment de la révolution. Nous avons dit que la princesse héréditaire de Modène était venue prendre les eaux de Sextius en 1784, 10 accompagnée de l’archiduc de Milan, son auguste époux. Ils fréquentaient peu de monde et allaient faire leur promenade incognito presque tous les jours au pavillon de la Molle, dont le magnifique jardin leur plaisait à cause de l’ombrage qu’ils y trouvaient et de la fraîcheur qu’ils y respiraient. Reconnaissants des respectueux hommages que leur rendait la famille Reboul, l’archiduc et sa femme lui prodiguèrent les démonstrations du plus vif attachement et les offres de service les plus touchantes. Peu d’années après arriva la révolution. M. Reboul émigra en 1791 ou 92et passa en Italie avec sa femme et leur fils unique. Comptant sur un accueil bienveillant de la part de l’archiduc, il se rendît à Milan. Mais, hélas! il est pénible de le dire, on assura dans le temps que le prince, craignant de se compromettre avec la révolution française qui poursuivait à outrance les émigrés, ne répondit que peu ou même pas du tout aux espérances qu’il avait fait naître étant à Aix. M. Reboul se réfugia alors en Toscane où il perdit sa femme et où il vécut dans l’abandon et la misère jusqu’en 1816. 11
L’abbé Hermitte, ancien aumônier de l’hôpital de la Charité d’Aix avant la révolution, obligé d’émigrer pour n’avoir pas voulu se soumettre a la constitution civile du clergé, s’était aussi réfugié en Toscane. Ce fut une providence pour les émigrés français pauvres principalement pour la famille Reboul. N’ayant par lui-même aucun moyen d’existence sur une terre étrangère, sa charité suppléa à tout, par les quêtes qu’il ne craignit pas de faire dans les maisons riches du pays. Ce vénérable prêtre mourut à Florence en 1820 et l’on plaça sur sa tombe, sur le parvis de l’église collégiale de San-Frediano, sa paroisse, cette inscription :

HIC JACET
JOSEPH HERMITTE PRESBITER GALLICANUS.
CONCIVES EXULES
INGENIOSA CHARITATE PER XXV ANNOS ALUIT
IPSE PAUPER. 12
VIXIT ANNOS LXXVII. M. I. D. I.
OBIIT IX K. FEBR. AN. M. DCCC. XX.

Le pavillon de la Molle avait été vendu pendant la révolution, comme bien d’émigré. Dans les premières années de la restauration, M. l’abbé Guigou, vicaire-général de ce diocèse, le racheta après avoir pris quelques arrangements avec M. Reboul, le fils, qui vint à cet effet passer plusieurs semaines à Aix. M. l’abbé Guigou ayant été nommé évêque d’Angoulême par le roi Louis XVIII, en 1824, et sacré dans l’église métropolitaine de Saint-Sauveur, le 29 juin de la même année, céda le pavillon en question aux dames religieuses du Sacré-cœur de Jésus, qui s’y établirent vers ce temps-là et qui le possèdent encore aujourd’hui. La réunion de quelques terres voisines, les grandes bâtisses qu’elles y ont élevées et les améliorations qu’elles ont faites ont rendu leur maison l’un des plus beaux pensionnats de la contrée. L’éducation qu’y reçoivent les jeunes demoiselles ne laisse rien à désirer aux familles chrétiennes auxquelles celles-ci appartiennent et promet d’en faire un jour de bonnes mères de familles.
La principale porte d’entrée de ce vaste établissement s’ouvre sur un ancien chemin de traverse qui joint l’extrémité occidentale de la rue des Bourras à celle de la Molle. Ce vieux chemin s’appelle la Barricade et l’on a raconté à ces bonnes dames du Sacré-cœur que ce nom lui vient de ce qu’autrefois les Sarrasins, peut-être même les Romains, y avaient livré un combat sanglant aux chrétiens qui avaient construit là une barricade pour se mettre à l’abri de leurs attaques. Nous ignorons parfaitement cette tradition ; et nous croyons que le fait n’est ni du temps des Romains, ni même de celui des Sarrasins. Nous avons dit ailleurs 13 qu’en 1562, lors des guerres de religion, les catholiques, humiliés de la malice que les huguenots leur avaient faite à la Journée des Épinards, se soulevèrent contre eux et les chassèrent de la ville. Les pénitents noirs se distinguèrent surtout dans cette occasion, en repoussant à coups de pierres les soldats du corps-de-garde établi à la porte des Cordeliers jusqu’à l’extrémité du faubourg et y élevèrent une barricade destinée à empêcher le retour des soldats à leur corps-de-garde. Telle est, suivant nous, la véritable étymologie de ce nom de la Barricade.
Le terrain enclos entre les rues des Bourras, de la Barricade, de la Molle et le grand chemin allant à Avignon, a appartenu, pendant près de trois siècles, aux Gaufridi, 14 et c’est là que le fameux avocat Jacques Gaufridi, qui fut successivement président de la chambre des requêtes, puis premier président du parlement Semestre, avait fait construire un joli bâtiment qui subsiste encore, au-devant duquel il avait planté des marronniers que nous avons vus, étant jeune, dans un état de végétation magnifique et qu’on a abattus depuis trente ou quarante ans. C’est ce qu’on nommait le pavillon de Gaufridi et non Gaufrédi, comme nous l’avons déjà remarqué. 15
Mgr Antoine de Posada Rubin de Cèlis, ancien évêque de Carthagène et de Murcie, membre des cortès d’Espagne, obligé de s’exiler momentanément de sa patrie, a occupé, pendant environ neuf ans, le pavillon de Gaufridi, c’est-à-dire depuis 1825 jusqu’au mois de mai 1834, époque de son retour en Espagne. Il avait conservé des revenus considérables et faisait dans Aix d’abondantes aumônes qui l’ont fait aimer et regretter. Il suppléait fréquemment Mgr de Bausset, archevêque d’Aix, et les successeurs de ce prélat, dans l’exercice des fonctions épiscopales et portait habituellement le Saint-Sacrement dans l’une ou l’autre des processions de la Fête-Dieu ou de l’Octave.
Au midi du pavillon et de l’enclos de Gaufridi, de l’autre côté de la rue, ou pour mieux dire du petit chemin qui forme la continuation de la rue des Bourras, se trouvait, avant la révolution, le couvent des Chartreux. Ces religieux avaient été fondés, en 1624, par Jean-André d’Aimar, surnommé l’Ermitte, conseiller au parlement. Ils s’établirent d’abord à un quart de lieue loin de là, sur la route de Berre, où leur demeure est encore connue sous le nom de Vieille-Chartreuse, et d’où ils furent transférés plus tard dans le local dont nous parlons. Une rue a été percée à l’époque de leur suppression vers le centre de leur domaine, ayant, d’un côté les anciennes cellules des religieux et de l’autre quelques jolis jardins.
En-delà de la grande route d’Aix à Avignon et à Paris, qui borde au couchant l’ancien couvent des Chartreux et le pavillon de Gaufridi dont nous venons de parler, se trouve l’enclos dit des Minimes, appartenant aujourd’hui aux dames religieuses du Saint-Sacrement. C’est là qu’était située l’église de Notre-Dame de la Seds, la première de la ville et du diocèse d’Aix. La ville de Sextius s’étendait jusque là dans les temps voisins de sa fondation et nos premiers évêques y établirent leur résidence aussitôt que le christianisme vint éclairer nos contrées. L’église qu’ils y bâtirent fut dédiée à la Sainte-Vierge et appelée Notre-Dame de la Seds : Ecclesia Beatœ Mariœ de Sede episcopali ; et lorsque la ville, détruite par les barbares à diverses reprises, notamment en 869, se fut relevée de ses ruines, ce quartier prit le nom de Ville des Tours à cause des tours dont était flanquée la demeure des archevêques.
En faisant mention de Notre-Dame de la Seds, nous devons parler aussi de saint Mitre et de sa légende. Suivant celle-ci, Mitre était Grec, né à Thessalonique au sein d’une famille riche et puissante. Élevé dans la religion chrétienne, il abandonna ses parents à l’âge de vingt-quatre ans pour venir en Provence où sa vocation l’appelait, espérant d’y pratiquer la charité envers le prochain et les autres préceptes du christianisme. Arvandus, préteur romain, faisait alors sa résidence à Aix et menait une vie déréglée avec une femme autre que la sienne. Mitre, résolu de le ramener à la vertu, s’attacha à lui en qualité de domestique, et se permit si souvent de lui faire honte de ses désordres, qu’il s’attira enfin son inimitié. Le préteur l’avait établi comme vigneron dans un clos considérable qu’il possédait à une petite demi lieue de la ville des Tours, du côté du couchant, ou un quartier qui porte encore de nos jours le nom de Saint-Mitre. Vivement irrité contre son vigneron, Arvandus ordonna à ses autres domestiques d’aller commettre des dégâts dans son clos, afin d’avoir un prétexte pour perdre le vertueux Mitre. Les domestiques, empressés d’obéir à leur maître et jaloux eux-mêmes des bonnes qualités de Mitre, allèrent, dans le courant de la nuit, couper toutes les grappes de raisin dont les vignes étaient chargées, en exprimèrent le jus dans les cruches destinées à le contenir plus tard, et jetèrent ensuite ces grappes à terre, après quoi ils vinrent rapporter au préteur que son jardinier les avait coupées pour en distribuer une partie aux pauvres, et faire de l’autre partie du vin pour lui ou pour les mêmes pauvres. Le préteur, feignant d’être furieux, se transporte aussitôt à son clos ; mais, chose miraculeuse ! les vignes étaient plus chargées de raisins qu’elles ne l’étaient auparavant, et les cruches qu’on disait pleines de vin étaient entièrement à sec. Sa rage s’en augmenta contre son jardinier ; il le traita de voleur et de magicien, et le fit plonger dans un cachot, au fond d’une de ces tours romaines qui ont subsisté dans l’ancien palais jusque vers 1786, 16 c’est-à-dire dans celle qu’on nomma depuis la tour de Saint-Mitre, où fût construite une chapelle en l’honneur de ce saint, laquelle n’a été abattue qu’à la même époque de la destruction du palais. La résignation de Mitre dans son cachot, les prières ferventes qu’il adressait au ciel en faveur du préteur, loin de fléchir celui-ci, ne servirent qu’à accroître sa haine, et il condamna son prisonnier à être décapité. Cette inique sentence fut exécutée aussitôt dans la cour même du prétoire, et, ô miracle plus éclatant ! Mitre, ramassant sa tête que le bourreau venait d’abattre, la prit entre ses bras et la posant sur sa poitrine, la porta jusqu’à l’église de Notre-Dame de la Seds, où il la déposa sur le maître-autel, après quoi il expira. Le peuple, qui avait été témoin de l’exécution et du prodige qui l’avait suivi, accompagna saint Mitre depuis le lieu de son supplice jusqu’à celui de sa seconde ou, pour mieux dire, de sa véritable mort. A l’approche du saint, les cloches de la cathédrale se mirent en branle d’elles-mêmes comme pour lui rendre hommage ; l’évêque et son clergé vinrent à sa rencontre et lui élevèrent dans leur église un tombeau où s’opérèrent depuis de nombreux miracles. Saint Grégoire de l’ours fait mention notamment de celui-ci : Un grand seigneur de la cour du roi Sigebert. nommé Childéric, s’empara avec violence d’un domaine rural qui appartenait à l’église d’Aix. L’évêque Francon se prosterna aussitôt devant le tombeau de saint Mitre et lui dit que s’il n’était pas fait justice de cette spoliation, on ne chanterait plus de pseaumes et on ne brûlerait plus de cierges en son honneur; après quoi Francon jeta des épines et des chardons pointus sur ce tombeau et devant la porte de l’église qu’il mit en interdit. Childéric, ajoute saint Grégoire, fut attaqué aussitôt par une fièvre violente qui le tourmenta pendant un an entier, sans qu ‘il voulût reconnaître sa faute. Les cheveux et la barbe lui tombèrent et son corps ne ressembla plus qu’à un horrible cadavre. Avouant alors l’injustice qu’il avait commise, il ordonna la restitution à l’église d’Aix du domaine qu’il avait usurpé sur elle, ajoutant même le don d’une somme d’argent qu’il fit déposer sur le tombeau du saint. Mais cette tardive réparation ne le sauva pas, et il mourut en peu de jours. Ceci se passa, suivant saint Grégoire, en 566, un siècle après le martyre de saint Mitre que la plupart de nos auteurs placent en l’année 466, la trente-troisième de l’âge de ce saint. 17
Le chapitre métropolitain demeura à Notre-Dame de la Seds jusque vers le milieu du XIe siècle, époque à laquelle il vint s’établir à Saint-Sauveur, et trois cents ans plus tard les archevêques eux-mêmes abandonnèrent leur ancienne résidence pour venir habiter auprès de la nouvelle cathédrale. 18 Au mois d’octobre 1383, le chapitre délibéra de faire transporter à Saint-Sauveur les reliques de saint Mitre et des autres saints qui étaient encore déposées à Notre-Dame de la Seds, et cette translation eut lieu avec beaucoup de pompe le 23 dudit mois. La cérémonie fut interrompue dans son cours par un incident dont Pitton nous a conservé le souvenir. Pons Amaifredi ou plutôt Maifredi, vicaire de Notre-Dame de la Seds, vint se poster avec Raymond Chabaud, notaire, à la porte actuelle des Cordeliers (portal dels fraires menors), et lorsque le cortége entra dans la ville par cette porte, il protesta devant ce notaire et en présence de témoins contre cet enlèvement ; le prévôt du chapitre lui rit au nez et passa outre en le traitant à peu près de radoteur par sa réponse consignée au procès-verbal : Qui quidem D. prœpositus dixit et respondit quod dominus Pontius Maifredi non est sapiens in hoc casu. 19
Le chapitre métropolitain y demeura, avons nous dit, jusque vers le milieu du XIe siècle, époque à laquelle il vint s’établir à Saint-Sauveur, et trois cents ans plus tard les archevêques eux-mêmes abandonnèrent leur ancienne résidence pour venir habiter auprès de la nouvelle cathédrale. 20
La ville des Tours et l’église de Notre-Dame de la Seds furent entièrement abandonnées alors, et dès les premières années du XVIe siècle on avait perdu le souvenir du sol où cette église était bâtie. En 1521 et 1522, la ville fût cruellement affligée de la peste. Les habitants reconnurent dans cet épouvantable fléau le juste courroux du ciel qui les punissait de leurs méfaits, notamment de l’abandon dans lequel ils laissaient le culte de la Sainte-Vierge et de sa statue conservée pendant tant de siècles à Notre-Dame de la Seds et alors dans l’oubli à Saint-Sauveur. Des feux surnaturels apparurent sortant de la terre, sur le sol qu’avait occupé l’ancienne cathédrale, et les pieux habitants firent vœu de la rétablir aussitôt. On creusa la terre et les vieilles fondations ayant été retrouvées, la reconstruction de l’église ne tarda pas à avoir lieu. Pierre Joannis, d’une ancienne famille d’Aix, divisée depuis en deux branches, celle des seigneurs de Châteauneuf et celle des seigneurs de la Brillanne, que nous croyons maintenant éteintes l’une et l’autre, était propriétaire du sol ; il en fit généreusement l’abandon ainsi que de quelques terres à l’entour et il paraît que dès lors on eut l’intention d’y appeler les frères Mineurs de saint François de Paule, autrement dits les Bons-Hommes ou les PP. Minimes. 21
Ces religieux n’y furent cependant établis qu’en 1556, à la suite des prédications que le P. Simon Guichard, provincial de l’Ordre était venu faire à Aix l’année précédente. Le chapitre de Saint-Sauveur, qui entretenait quelques prêtres pour desservir la nouvelle église depuis sa reconstruction, la céda au P. Simon Guichard, par une délibération du 8 janvier 1556, à la condition d’y établir un couvent de son Ordre. Pendant près de vingt ans que ce saint religieux vécut encore, il ne cessa de prêcher et de combattre pour la foi de Jésus-Christ, convertissant les religionnaires autant qu’il le pouvait, jusqu’à ce que quelques-uns des huguenots, jaloux de ces conversions, l’assassinèrent un soir, au mois de décembre 1574, au détour d’un petit chemin qu’il suivait pour se rendre de la ville à son couvent. 22
L’église de Notre-Dame de la Seds et la statue vénérable de la Vierge qui avait été rapportée de Saint-Sauveur, subsistaient au moment de la révolution sous la même direction des PP. Minimes. Ceux-ci, plus qu’aucuns autres religieux de cette ville, avaient fourni des hommes de mérite tels que :
Le P. Duranti né à Aix, en 1559, d’une des plus nobles et plus anciennes familles de cette ville. 23 En entrant en religion à l’âge de vingt ans, il changea son nom Honoré, qu’il avait reçu au baptême en celui de Jérôme, et bientôt il se fit connaître comme un des premiers prédicateurs de son temps. Le roi Henri III le choisit pour son confesseur et le P. Duranti ayant voulu se retirer dans sa patrie en 1585, ce prince lui écrivit de sa main pour l’engager à revenir auprès de lui. Mais le séjour de la cour ne pouvait convenir à ce religieux qui lui préféra l’humilité de son cloître. Il ne put cependant refuser plus tard le généralat de son Ordre qui lui fut conféré en 1599. Il mourut à Aix, le 26 octobre 1626, âgé de soixante-sept ans. 24
Joseph-Victor Thibaud, prédicateur ordinaire de la princesse Christine de France, fille de Henri IV, femme du duc de Savoie, né à Aix, le 19 avril 1587, mort en cette ville en 1662. Il est auteur d’un grand nombre d’ouvrages de piété dont on trouve le catalogue dans Achard. 25
Timothée de Brianson de Reynier, né à Aix en 1595 et baptisé le 26 novembre, sous le nom de Gaspard, qu’il changea lorsqu’il prit la robe de Minime en 1615 ; mort à Marseille en 1681, laissant divers ouvrages recherchés de son temps par les personnes religieuses, et dont Achard donne également la liste. 26
Antoine Morel, né en 1608, à Aix, où il mourut en 1670 ; l’ami de cœur de l’historien de cette ville, J-S. Pitton, qui fait un grand éloge de sa science et de sa piété. Il composa aussi quelques ouvrages de dévotion mentionnés dans le même dictionnaire d’Achard. 27
André de Colonia dont nous avons déjà parlé. 28
Gaspard Laugier, nié à Aix en 1637, mort dans la maison de son Ordre à Pourrières, en 1697. C’était un intrépide faiseur d’anagrammes, et il a laissé deux ouvrages dans l’un desquels il exalte les hauts faits et les victoires de Louis XIV, et dans l’autre les vertus et les miracles de saint Vincent de Paule. 29
Sauveur-André Pellas, né a Aix, le 15 août 1667, auteur du Dictionnaire Provençal-Français qui porte son nom et qui est le premier en cette langue qui ait été publié. 30 Le P. Pellas mourut en 1727.
Toussaint Pasturel, né à Aix en 1671, mort à Avignon en 1731 ; assez bon poète latin 31 et prédicateur médiocre.
Pierre Puget, né à Aix en la même année 1671, mort dans cette ville en 1747. Il a composé un Dictionnaire Provençal-Français beaucoup plus ample que celui du P. Pellas. C’est un in-folio demeuré en manuscrit et dont l’original se trouve aujourd’hui à la bibliothèque Méjanes. 32
Enfin Pierre de Rians, né à Aix, le 29 juin 1672, auteur d’un bon nombre d’ouvrages mentionnés dans Achard ; 33 mort en cette ville en 1750.
Les principales familles qui avaient leur sépulture dans l’église des Minimes étaient les Boutassy, marquis de Chateaulard, les Boyer, seigneurs d’Eguilles, les Duchaine et les Guérin, seigneurs du Castellet ; les Laurans, marquis de St-Martin et de Brue et les seigneurs de Peyrolles du même nom, les Margalet et les Menc. Il n’existe plus aujourd’hui qu’une seule de ces familles, celle des Boyer-d’Eguilles. Nous avons dit ailleurs 34 que ces derniers avaient été les héritiers du poète Malherbe et c’est comme tels qu’ils avaient élu leur sépulture dans la tombe où Marc-Antoine de Malherbe avait été enseveli le 15 juillet 1627. Cette tombe était dans la première chapelle à gauche en entrant, et c’est là que le grand Frédéric, roi de Prusse, avait fait élever un mausolée au marquis d’Argens, sou chambellan et son ami.
Cette église renfermait encore les cendres de quelques personnes de mérite, parmi lesquelles nous citerons le P. Jean-François Niceron, religieux minime, natif de Paris, habile mathématicien, connu plus particulièrement par ses recherches sur l’optique, mort à Aix, le 22 septembre 1646, à l’âge de trente-trois ans ; et Louis de Brianson, seigneur de Reynier, avocat, frère du P. Timothée dont nous avons parlé plus haut. Il était né à Aix, le 16 septembre 1598 et y mourut le 16 décembre 1670. Sa famille finit avec lui. Le capitaine Michel de Brianson, seigneur de Reynier, son aïeul, avait été tué à Aix au mois d’août 1579, dans une sédition occasionnée par les soldats corses commandés par le colonel Ornano, depuis maréchal de France. Louis excellait dans la poésie provençale et est auteur du petit poème intitulé : lou crebo couer de Paulet sur la mouert de soun ay ; pièce très ingénieuse qui a été réimprimée plusieurs fois. L’épitaphe de Louis de Brianson se voit encore incrustée dans un mur du vestibule du couvent des Dames du Saint-Sacrement, ainsi que l’écusson en pierre de ses armes qui étaient d’or à une face d’azur, accompagnées en chef de trois roses rangées de gueules, et en pointe d’une coquille d’azur.
Les religieux Minimes ayant été supprimés comme tous les autres au commencement de la révolution, leur église fut détruite en grande partie peu d’années après, et l’antique statue de la Vierge qui y avait été rétablie depuis, fut de nouveau transportée à Saint-Sauveur. A la fin de l’année 1815, les religieuses du Saint-Sacrement achetèrent l’ancien local des Minimes et en ayant fait reconstruire l’église, ces dames furent autorisées par le chapitre et les vicaires généraux capitulaires du diocèse, le siége vacant, à y transporter de nouveau la statue miraculeuse de la Sainte-Vierge, ce qui eut lieu le lundi 5 juin 1816, seconde fête de la Pentecôte. Le chapitre alla en procession accompagner cette statue, de Saint-Sauveur à sa nouvelle demeure, suivi d’une foule immense de fidèles qui rendaient grâce à Dieu de voir se renouveler encore une fois le culte de Notre-Dame de la Seds. 35
A quelques cents pas au nord-est de l’église des Minimes existait l’ermitage de Sainte-Croix, détruit vers 1770. C’était auparavant une chapelle bâtie en 1483, sur l’emplacement qu’avait occupé la chapelle particulière des archevêques dans leur palais de la ville des Tours, lequel avait été construit sur les ruines d’un amphithéâtre romain. Le savant Peiresc avait pu mesurer les contours de ce premier monument dont quelques vestiges existaient encore de son temps, et avait jugé qu’il pouvait contenir de cinq à six mille spectateurs.
La ville des Tours se terminait, du côté du couchant, à cette courte portion du chemin public qui, en passant devant l’église des Minimes ou du Saint-Sacrement, sépare celui allant au Jas de Bouffan et au domaine de Galice, de la route départementale conduisant à Berre et à Saint-Chamas, et qui continue en se dirigeant vers le nord, jusqu’au petit chemin qui descend de l’hôpital Saint-Jacques pour aller se jeter dans la même route de Berre et de Saint-Chamas, à quelques pas en deçà de la Vieille-Chartreuse. C’est ce qu’ont prouvé invinciblement M. de Saint-Vincens et M. Rouchon-Guigues dans leurs recherches sur cette ville des Tours, contrairement à l’opinion de M. de Gaillard- Longjumeau qui, dans sa carte ou plan d’Aix, publiée en 1762, 36 fait prolonger cette ancienne ville jusqu’au Jas de Bouffan.
Arrivé à ce petit chemin qui descend de l’hôpital Saint-Jacques, le rempart contournait vers le levant jusqu’à cet hôpital ; on en reconnaît encore la tracé sur divers points. Non loin de ce rempart, en dehors de la ville des Tours, existaient, il n’y a pas un siècle, deux monuments qui ont été détruits depuis lors : la chapelle de Saint-Laurent et le rocher du Dragon.
La chapelle Saint-Laurent, construite dans les premières années du Ve siècle, n’était plus depuis longtemps qu’un ermitage. La plupart des premiers évêques d’Aix y avaient été enterrés. Elle fut abattue vers 1770, ainsi que celle de Sainte-Croix, pour la reconstruction et l’alignement de la grande route d’Aix à Paris, que nous appelons la montée d’Avignon. Elle était voisine d’un cimetière public qui portait le même nom de Saint-Laurent, dans lequel furent ensevelis nos premiers chrétiens. Ce cimetière fut rouvert en 1650, lorsque la peste vint affliger encore une fois la ville d’Aix, et on y enterra tous ceux qui moururent de la contagion, notamment Sextius d’Escalis, baron de Bras et d’Ansouis, qui avait été premier consul aux années précédentes et qui, en ce moment, tenait en mains le commandement de la ville. Il est entièrement abandonné depuis longues années.
Le Rocher du Dragon, assez voisin de la ligne orientale de la montée d’Avignon et non loin du cimetière de l’hôpital Saint-Jacques, était ainsi nommé parce que, suivant une ancienne légende, un dragon s’était établi là même et dévorait les passants qui avaient le malheur de tomber entre ses pattes. Ce monstre ayant été tué par l’intercession de saint André, on bâtit sur ce rocher un oratoire en l’honneur de ce saint. L’oratoire fut abattu vers 1625, ainsi qu’une partie du rocher, et Peiresc reconnut dans celui-ci un assemblage d’ossements fossiles dont il envoya des débris à tous les curieux avec lesquels il était en correspondance. En 1760, le Rocher du Dragon fut entièrement détruit par le moyen du pétard. M. de Buffon et M. Guettard, de l’académie des sciences, fournirent leurs observations sur les ossements qui en furent extraits et nous renvoyons nos lecteurs à ces curieuses et savantes observations. 37
Mais nous leur donnerons l’itinéraire de la procession qui se faisait jadis, depuis un temps immémorial jusqu’à la révolution, le troisième jour de la fête des Rogations, et qui allait se terminer au Rocher du Dragon. Les processions qui avaient lieu le premier et le second jour de cette fête, ne sortaient pas de la ville, et n’étaient composées que du chapitre de Saint-Sauveur et de MM. les consuls et assesseur. Elles allaient entendre, le lundi, une messe basse dans l’église des PP. Picpus, anciennement de Notre-Dame de Beauvezet, 38 et le mardi une pareille messe dans l’église paroissiale de Sainte-Magdeleine, 39 après quoi elles rentraient à Saint-Sauveur, ayant parcouru en allant ou en venant une partie des rues du bourg Saint-Sauveur et de l’ancienne ville comtale.
La procession du mercredi était plus nombreuse et plus solennelle. Elle était composée des quatre ordres mendiants, 40 du chapitre, du parlement en robes noires et des consuls et assesseur en corps de ville. Elle sortait de l’église métropolitaine à six heures précises du matin, précédée, comme celle des deux premiers jours, d’une figure de dragon ailé, en planches ou en carton, ayant la gueule ouverte et enflammée dans laquelle les bonnes gens jetaient du pain et autres aliments, comme pour lui dire de s’en repaître sans s’attaquer à la chair humaine. Elle descendait sous la Grande-Horloge, longeait les rues des Orfèvres et de Beauvezet, remontait par la Grande-Rue-Saint-Esprit et celle des Gantiers, jusqu’au nord de l’ancienne église paroissiale de Sainte-Magdeleine et se jetait dans la rue du Pont-Moreau, de là dans celle de la Porte-Saint-Jean, aujourd’hui la rue d’italie. Arrivée au coin de la rue Cardinale, elle se détournait un peu sur sa droite pour aller entrer par la grande porte dans l’église de Saint-Jean où le parlement s’arrêtait, entendait une messe basse et se séparait sans aller plus loin. Le reste de la procession ressortait aussitôt de l’église par la petite porte, reprenait son cours dans la rue d’Italie et sortait ensuite de la ville par la porte Saint-Jean, allait jusqu’au milieu du Cours Sainte-Anne où se trouvait à la droite une petite ruelle, maintenant clôturée à ses deux extrémités, par laquelle elle se dirigeait vers la chapelle de Saint-Jérôme, au nord du monticule de ce nom, de là aux Boucheries, puis à l’ancienne maladrerie Saint-Lazare. Elle contournait ensuite le cimetière de cette maladrerie, et au coin de la croix de Pignoli 41 elle suivait un petit chemin traversier allant vers le couchant et qui, se recourbant ensuite vers le nord, venait aboutir à l’entrée du cours Sextius, d’où elle se rendait directement à l’église des Minimes ou de Notre-Dame de la Seds. La procession traversait cette église, allait ressortir par le cloître, suivait le petit chemin qui bordait la ville des Tours du côté du couchant, ainsi que nous l’avons dit plus haut, entrait de là dans celui qui la bordait au nord, et arrivée en face du Rocher du Dragon elle se dirigeait vers ce rocher sur lequel on posait la figure du dragon en planches ou en carton dont nous avons parlé, et où des prières étaient faites, principalement à saint André. Reprenant ensuite son cours, elle venait traverser l’église des Capucins, anciennement Notre-Dame de Consolation et aujourd’hui l’église de l’hôpital Saint-Jacques, entrant par une porte et sortant par l’autre. Elle rentrait aussitôt après dans la ville par la porte Notre-Dame et de là à Saint-Sauveur où elle se séparait après une courte oraison, car à cinq heures du matin une grand’messe y avait été chantée avant l’arrivée du parlement et des consuls. Cette marche dans la ville et dans les champs durait au-delà de deux heures, d’autant mieux que de nombreuses stations avaient lieu, çà et là, pour réciter des prières. Nous pensons qu’on ne sera pas fâché de connaître cet ancien usage de nos pères si différent de celui qui se pratique de nos jours, à la même époque des Rogations.
Les champs situés au midi du Rocher du Dragon et du cimetière actuel de l’hôpital Saint-Jacques, en-deçà du chemin qui communique de cet hôpital à la route d’Avignon et de Paris, notamment la petite ruelle Silvacane et le jardin de Grassi, étaient compris dans la ville romaine, puis dans celle des Tours, ce qu’il est facile de reconnaître à la quantité de débris de bâtisses qu’on y trouve pour peu qu’on creuse dans la terre, aux pavés de mosaïque qu’on y a découverts bien souvent, enfin à tant d’autres signes attestant qu’il y a eu là des habitations. Les fouilles faîtes en divers temps, celles opérées en 1841, 42, 43 et 44 par la commission d’archéologie de cette ville, 42 les écrits lumineux de nos anciens auteurs et ceux plus récents de MM. De Saint-Vincens et Rouchon-Guigues ne laissent aucun doute à cet égard, et nous n’entrerons pas dans de plus longs détails sur ce qui concerne les environs du cours Sextius. Nous devons ajouter cependant que, du côté du midi, l’ancienne ville se terminait au nord de la rue de l’Aigle-d’Or où le rempart des Romains est encore assez conservé sur divers points et sert de soutènement aux aires de Saint-Roch qui bordent la route d’Avignon et de Paris, en face de l’ancien couvent des Chartreux. Il est probable que de là, du temps des Romains, ce rempart se dirigeait vers le palais, en parcourant les rues actuelles de Villeverte, du Saint-Esprit et des Gantiers ; mais la ville des Tours ne devait pas s’étendre, selon nous, du côté du levant, au-delà du cours Sextius, des eaux thermales et du jardin de Grassi.


1 Voyez ci-dessus, pag. 418. Retour

2 Né à Aix le 3 octobre 1622, mort le 8 septembre 1684. Voyez notre 1er vol. pag. 454 et suiv. Retour

3 Voyez notre 1er vol., rue des Etuves, pag. 404 et suiv. Retour

4 Est Burlaria locus in urbe vel extra urbem, in quo ludere solent incolœ (Ducange, Glossarium ad scriptores mediœ et infimoe latinitatis). Retour

5 En provençal les mots Gipier, Gipièro, signifient ouvrier plâtrier, carrière de plâtre. Retour

6 Voyez ci-dessus, pag. 210. Retour

7 Voyez au 1er vol. rue de la Verrerie pag. 201. Retour

8 Joseph-Jean-Baptiste était l’aïeul du célèbre bailli de Suffren. Retour

9 Le second de ses fils seulement était né à Aix, François Vanloo qui y vit le jour le 8 novembre 1708, et mourut misérablement à Turin en 1731. Il était rempli de génie et de talent, suivant d’André-Bardon (Éloge historique de Jean-Baptiste Vanloo, Paris, 1779, in-12). Voyez les divers dictionnaires historiques, notamment la Biograph. univ. de Michaud, tom. XLVII, pag. 457 et suiv. ; et notre 1er vol., pag. 85, note II et pag. 232. – Nous possédons un des plus charmants et gracieux tableaux de Jean-Baptiste Vanloo, où cet habile artiste s’est représenté lui-même peignant sa fille, entouré de sa femme et de ses trois fils : Louis-Michel, depuis premier peintre du roi d’Espagne ; François que nous venons de mentionner ci-dessus, et Charles-Amédée-Philippe, qui devint premier peintre du roi de Prusse. C’est un vrai tableau d’histoire en même temps qu’une galerie de portraits, par la manière ingénieuse dont les six personnages sont groupés. Retour

10 Voyez ci-dessus, pag. 401. Retour

11 Les Reboul appartenaient à une très honorable famille d’Aix. Jean-Baptiste Reboul, avocat et substitut au parlement, né en cette ville le 11 janvier 1640, fut nommé par Louis XIV, en 1683, professeur de droit français à l’université d’Aix, et mourut le 18 juillet 1719, avec la réputation d’un profond jurisconsulte, laissant divers ouvrages en manuscrit, notamment un Traité des matières criminelles dont il existe encore une infinité de copies. C’était le grand oncle de Barthélemy-Louis, dont le père était un avocat du roi au siége. Retour

12 Il ne laissa pas de quoi se faire enterrer, distribuant journellement aux indigents le produit des aumônes qu’il recevait, sans rien réserver pour lui. M. le chevalier de Fontenay, chargé d’affaires de France, fit personnellement les frais de son inhumation. Retour

13 Voyez notre 1er vol, rue des Patis, pag. 446 et suiv. Retour

14 Noble Louis Gaufridi l’avait acquis en 1486, et ses successeurs l’ont revendu à noble Gaspard Truphème en 1744. -Il paraît qu’avant Louis Gaufridi, Hugues Arbaud, prieur de Saint-Jean, l’avait pris de l’archevêque Olivier de Pennart, en échange de quelques prairies situées là où se trouve aujourd’hui le quartier d’Orbitelle. Retour

15 Nous avions promis dans notre 1er vol., pag. 49, de donne dans celui-ci une notice assez étendue sur cet illustre magistrat. Ayant appris depuis lors, qu’un de nos honorables confrères à l’académie d’Aix, M. L. M… travaille sur le même sujet, nous lui laissons le plaisir de réunir cet intéressant ouvrage à tant d’autres qu’il a déjà publiés, d’autant mieux que la science et le public n’auront qu’à y gagner sous tous les rapports. Retour

16 Voyez notre 1er vol., Palais des comtes de Provence, pag. 10 à 17. Retour

17 Voyez la Charité persécutée, ou saint Mytre, martyr, par Gaspard Augeri, prieur de Magagnosc (né à Aix, le 23 avril 1611, mort le 2 septembre 1675, enterré aux Dominicains, aujourd’hui paroisse Sainte-Magdelaine, auteur d’une foule d’ouvrages biographiques provençaux); Aix, Roize, 1646, in-12 – La vie et martyre de saint Mytre, par le même, deuxième édition augmentée ; Aix, Roize, 1657, in-12. – Pitton, Annales de la sainte église d’Aix, in-4° pag. 44 à 52. – Saint Mitre, martire admirable, ancien patron de la ville d’Aix en Provence, sa vie, sa mort et son trionfe (par François de Serizianis de Cavaillon, chanoine théologal d’Aix, natif de Bonnieux dans le Comtat, fils de feu noble Maurin et de feue Claire de Cavaillon, mort âgé de cinquante-sept ans, enterré à Saint-Sauveur le 25 décembre 1701); Aix, G. le Grand, 1694, in-12, et autres.- Adrien Baillet (Vie des Saints) ne fait mention d’aucun de ces miracles. – La fête de saint Mitre est célébrée à Aix le 13 novembre de chaque année. Retour

18 Voyez notre 1er volume, pag. 264 et 356. Retour

19 Pitton, Annales de la sainte église d’Aix, pag. 51, où il est à remarquer qu’à la sixième ligne de la charte citée, le vicaire de Notre-Dame de la Seds est nommé Pontius Amaifredi, et qu’à la dix-septième ligne il est appelé Pontius Maifredi, qui devait être le véritable nom, puisque dans la table des fautes à corriger qui terminent l’ouvrage, il est dit qu’à la pag. 51, ligne 23, au lieu d’Amaifredi il faut lire Maifredi. Retour

20 Voyez notre 1er vol., pag. 264 et 356. Retour

21 Acte de donation du 20 octobre 1522, reçu par Pierre Alpheran, notaire de Trets, et passé à Aix dans le logis de la Masse. Nous en possédons une copie, ainsi que de la délibération du chapitre, de 1556, où il est dit que ce lieu est aultant et plus plaisant que aultre lieu de l’entour de la ville. Retour

22 Là où commencent les aires dites de Saint-Roch, au nord de la rue de l’Aigle-d’or, et où se trouvait une croix de pierre dite de Legrin. Retour

23 Voyez notre 1er vol., pag. 84, note 2. Retour

24 Marc-Antoine Duranti, son frère, né à Aix, le15 mai 1562, entra dans l’ordre des Chartreux et fut affilié dans la maison de ces religieux au Liget près de Loches, en Touraine. Il publia un poème en vers et en cinq livres, intitulé : La Magdaliade, ou esquillon spirituel pour exciter les âmes pécheresses à quitter leurs vanités et faire pénitence, à l’exemple de la très sainte pénitente Magdeleine ; Tours, Marc Nyon, 1622, in-12. C’est un ouvrage entièrement oublié aujourd’hui. – L’abbé de Marolles dit, dans les commencements de ses mémoires, avoir connu ce religieux qu’il nomme Dom Marc Durant ; il était, dit-il, d’un naturel jovial, grand amateur de nouvelles et mourut fort âgé. Retour

25 Diction. des Hom. illust. de Provence, tom. II, pag. 256. Retour

26 Diction. des Hom. illust. de Provence, par Achard, tom. II, pag. 153. Retour

27 Ibid., tom. 1er , pag. 545. Retour

28 Voyez notre 1er vol., pag. 541. Retour

29 Diction. des Hom. illust. de Provence, par Achard, tom. 1er, pag. 437. Retour

30 Ibid., tom. II, pag. 60. Son dictionnaire, assez rare aujourd’hui, fut imprimé à Avignon, chez Offray, 1723, in-4°. Retour

31 Ibid., tom. II, pag. 42. Retour

32 Diction. des Hom. illust. de Provence, par Achard, tom. II. pag. 130. Retour

33 Ibid., tom. II, pag. 463. Retour

34 Voyez notre 1er vol., pag. 39 et 558, et nos Recherches biographiques sur Malherbe, etc. Aix, Nicot et Aubin, 1840, in-8°, et dans le tom. IV des Mémoires de l’académie d’Aix. Retour

35 Précis historique sur l’église de Notre-Dame de la Seds, de la ville d’Aix, par M. Rey, etc., (depuis évêque de Dijon, aujourd’hui chanoine du premier ordre du chapitre de Saint-Denis), Aix, Pontier, 1816, in-8°. Retour

36 Voyez notre 1er vol. pag. 328, plan n° VIII. Retour

37 Histoire naturelle, contenant les époques de la nature, par M. le comte de Buffon ; Paris, imprimerie royale, tom. XIII, 1778, in-12, pag. 199 à 206 ; et Mémoires de l’académie des Sciences, année 1760, pag. 209 à 228. Retour

38 Voyez notre 1er vol., pag. 217 et suiv. Retour

39 Voyez notre 1er vol., pag. 229 et suiv. Retour

40 On appelait ainsi les religieux qui vivaient d’aumônes, tels que les Carmes, les Jacobins ou Dominicains, les Cordeliers et les Augustins. Les Capucins, les Recollas, les Minimes et quelques autres étaient aussi des ordres mendiants. Retour

41 Voyez notre 1er vol., pag. 569 et suiv. La croix dite de Pignoli ne subsiste plus, avons-nous dit ; nous ajoutons que le petit chemin traversier qui allait aboutir vers la brasserie actuelle a été supprimé aussi pour la construction de la chaussée et la plantation des allées qui, de la grande Rotonde, conduisent à Marseille. On peut juger par là des diverses modifications que la procession des Rogations avait dû subir, quant à sa marche, dans le cours de tant de siècles. Retour

42 Voyez les trois Rapports sur les fouilles d’antiquités faites à Aix , dans le courant desdites années, imprimés, l’un, chez Nicot et Aubin, 1841, in-4°, les deux autres chez Frédéric Vitalis, 1843 et 1844, aussi in-4° et tous avec planches. Retour