Les Rues d’Aix – Rue des Cardeurs


Les Rues d’Aix
ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence
par Roux-Alpheran en 2 tomes 1848 et 1851
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RUE DES CARDEURS.

UGON DE SAINT-HONORE, dit le Boyre, qui vivait au XVe siècle, habitait la rue actuelle des Cardeurs et lui avait donné son nom, ou plutôt son surnom, ainsi que l’attestent les vieux registres du prieuré de Saint-Jean. Avant lui, on avait appelé la rue du Boyre, la rue des Constans, à cause d’une honorable famille qui avait été des premières à y faire bâtir à la fin du XIVe siècle, et qui subsiste encore de nos jours. De cette famille était né à Aix, le 16 décembre 1726 (mais non dans la rue dont nous parlons), Jean-Baptiste Contans du Castellet, dont le père avait été nouvellement ennobli, ce qui n’empêcha pas le fils de se livrer aux spéculations commerciales dans lesquelles il fut peu heureux. Le commerce des soies fut celui qui l’attacha plus spécialement, et les Etats de Languedoc, justes appréciateurs de son mérite, lui décernèrent, en 1769 , à l’occasion d’une machine de son invention, une médaille d’or portant cette inscription:

BOMBICIBUS SUFFOCANDIS SERICISQUE PERFICIENDIS
APTATI FUMI INVENTOREM NOBILI DECORANT MUNERE NOBILEM
JOANNEM-BAPTISTAM CONSTANS DU CASTELLET.

Au revers de la médaille sont les armoiries de la province de Languedoc, avec cet exergue : COMITIA OCCIT. 1769.
Le dérangement de ses affaires ayant obligé Constans du Castellet à s’expatrier, il se retira à Turin où le roi de Sardaigne le pensionna pendant plus de vingt ans et le créa inspecteur-général des manufactures de soie en Piémont. Il mourut à Turin le 21juin 1800. Le nom de cet industrieux compatriote ne se trouvant dans aucune biographie, nous formons des vœux pour que cette courte notice serve à faire réparer cette omission.1
Ce n’est qu’au XVIIe siècle, suivant de Haitze, que des cardeurs étant venus s’établir dans la rue du Boyre , dite plus anciennement des Constans, lui donnèrent le nom sous lequel elle est encore connue aujourd’hui.

 

1 Il avait publié, de son vivant, ces deux ouvrages : L’Art de multiplier la soie, ou traité sur les mûriers blancs, l’éducation des vers à soie et le tirage des soies, par M. C… C…, imprimé par ordre de messieurs les procureurs du pays ; Aix, David, 1760, in-8°. – Discours sur cette question : Est-il plus important de défricher les terres incultes, ou est-il plus utile de cultiver avec plus de soin et de s’occuper d’améliorer celles qu’on a déjà mises en nature de rapport ? par M. le chevalier Constans du Castellet, membre honoraire de la société royale d’agriculture et de commerce de Chambéry, et associé correspondant de l’académie des géorgiphiles de Florence ; Turin, 1780, in-12. Retour